La xénophobie fait fuir les marocains d’Espagne.

Voilà une semaine que l’Espagne s’interroge, observant avec inquiétude les événements anti-marocains qui se déroulent près de la ville de Murcie. Une question s’impose : faut-il considérer comme plus dangereux pour le pays la droite et l’extrême droite que les immigrés qu’elles appellent à chasser, sous prétexte qu’ils ne respecteraient pas les traditions — entendre par là : leur habillement, leur religion et leurs rituels ?

Dans leur campagne contre les immigrés, utilisée comme levier électoraliste, les deux formations alliées, partageant la même plateforme et le même discours raciste, ciblent avant tout les Marocains. Leur nouveau mot d’ordre est clair : « Non aux Moros en Espagne », les « Moros » désignant de manière péjorative les travailleurs marocains ayant choisi de s’y installer.

Actuellement, dans la région de Murcie, où vit une importante communauté de Marocains résidant à l’étranger (MRE), les extrémistes de droite intensifient leur offensive. Depuis plusieurs jours, cette communauté est visée par des actes de violence et d’intimidation, à la suite d’une agression commise sur un retraité espagnol par un travailleur clandestin marocain. Cette expédition punitive a semé la terreur, et l’ensemble de la communauté vit désormais dans l’angoisse.

À l’approche des élections, de plus en plus de familles marocaines songent à quitter ce pays et cette région où parents et enfants n’osent même plus sortir de chez eux. Pourtant, cette province agricole les avait accueillis à bras ouverts pendant des années, leur confiant des responsabilités essentielles à l’économie locale, jusqu’à représenter 40 % de la population.

La petite localité de Torre Pacheco, où il ne fait plus bon être Marocain, s’est tristement fait connaître dans toute l’Espagne. On y assiste aujourd’hui à un drame humain fait d’exclusion, de haine et de xénophobie. Une communauté entière, abandonnée à son sort, ne souhaite désormais qu’une chose : fuir vers des cieux plus cléments, après avoir tant donné à une terre qui semble aujourd’hui les rejeter.