À Tanger, les critiques fusent et les doutes s’installent de nouveau sur la qualité des chantiers de réhabilitation routière. Quelques mois après les premières alertes publiées par Actu-Maroc sur des travaux routiers bâclés et délabrés en moins de deux mois sous les premières pluies hivernales, voilà que les mêmes inquiétudes refont surface. Cette fois, les autorités semblent enfin prêtes à réagir.
Selon des sources bien informées, une commission technique composée d’experts et de représentants des services techniques de la wilaya s’est récemment mobilisée pour inspecter plusieurs chantiers de voirie à Tanger. Objectif : évaluer les malfaçons signalées par des citoyens et des associations locales, qui pointent une dégradation prématurée des trottoirs et chaussées nouvellement aménagés. Fissures, affaissements, enrobé qui se désagrège et signes de corrosion sont apparus dès les premières précipitations, sur des axes censés être refaits à neuf.
Ces constats accablants relancent un débat brûlant sur le respect des normes techniques dans les marchés publics et sur le sérieux des entreprises attributaires. Une situation que Actu-Maroc avait déjà dénoncée il y a quelques mois, en soulignant l’absurdité de voir des routes « flambant neuves » se transformer en pièges à ciel ouvert quelques semaines seulement après leur livraison.
Le conseiller communal Hassan Belkhaider, l’un des rares élus à monter au créneau, dénonce un véritable scandale. « Ce qui se passe dans le secteur de Boukhalef, c’est l’illustration d’un défaut criant de rigueur dans le suivi et le contrôle technique », a-t-il déclaré au quotidien Al Akhbar, en joignant des photos explicites des dégradations aux autorités.
Il fustige une approche superficielle, faite de replâtrages inefficaces, et appelle à rompre avec ces pratiques qui sapent la confiance des citoyens. Selon lui, il est urgent de revoir les critères d’attribution des marchés publics et d’assurer un suivi rigoureux, non seulement pendant les travaux, mais surtout lors de la phase de réception. Il insiste également sur la nécessité de faire appel à des entreprises qualifiées, ayant déjà fait leurs preuves sur le terrain, au lieu de confier ces projets sensibles à des structures peu expérimentées ou choisies sur des critères opaques, souvent éloignés de toute logique de compétence et de qualité.
La commission, de son côté, poursuit ses vérifications et devrait remettre des rapports détaillés dans les prochaines semaines. Si les manquements sont avérés, des sanctions pourraient frapper les entreprises responsables. Mais au-delà des blâmes et des constats tardifs, c’est une culture entière de l’approximation qu’il faudra démanteler pour espérer offrir aux Tangérois des infrastructures durables, conformes aux standards d’un Maroc en chantier.