La récente missive adressée par l’ancien président américain Donald Trump au roi Mohammed VI n’est pas passée inaperçue. Derrière les formules diplomatiques de félicitations à l’occasion du 26e anniversaire de l’accession au trône, se cache un message à forte portée politique et symbolique sur le dossier de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette lettre réaffirme une fois de plus la constance de la position américaine, quel que soit le locataire de la Maison Blanche.
Trump y renouvelle explicitement le soutien des États-Unis au plan marocain d’autonomie, le qualifiant de seule base sérieuse, crédible et réaliste pour une résolution politique de ce différend régional. Si ce soutien remonte officiellement à 2007, la reconnaissance pleine et entière de la souveraineté du Maroc sur le Sahara date du décret signé par Trump en décembre 2020. Nombreux étaient ceux qui redoutaient un recul avec l’arrivée du président démocrate Joe Biden. Pourtant, la dynamique bilatérale s’est au contraire renforcée.
Les relations maroco-américaines ont connu depuis une intensification notable : visites de hauts responsables américains dans les provinces du Sud, accords de jumelage entre des villes américaines et marocaines (Arlington-Laâyoune, Columbus-Dakhla), et surtout le déploiement étendu des manœuvres militaires « African Lion » jusqu’aux confins du Sahara marocain. Le message de Trump rappelle ainsi l’alignement bipartisan à Washington sur la question du Sahara.
Autre fait marquant : le timing stratégique de cette lettre, qui coïncide avec la fête du Trône au Maroc, traduisant une compréhension fine de l’importance symbolique de la souveraineté sur le Sahara pour le peuple marocain. La lettre réaffirme également la centralité du Maroc dans la stabilité régionale, notamment dans la lutte contre le terrorisme, comme en témoigne l’organisation à Marrakech du forum international contre Daech.
Le troisième volet de cette lettre réside dans l’estime manifeste des institutions américaines à l’égard du royaume. Qu’il s’agisse du Sénat, du Congrès ou de diplomates de haut niveau, tous saluent la clairvoyance du roi Mohammed VI, son ouverture, sa politique de coopération régionale et sa vision stratégique. La désignation du nouvel ambassadeur américain à Rabat, entérinée à l’unanimité, illustre cette reconnaissance.
Enfin, la missive met en lumière l’ambition économique des relations bilatérales, avec des projets d’investissement de plusieurs milliards de dollars, notamment dans les provinces du Sud. Le Maroc reste le seul pays d’Afrique lié aux États-Unis par un accord de libre-échange, en vigueur depuis 2006, et les échanges commerciaux ont été multipliés par cinq depuis cette date.
La lettre de Donald Trump ne se limite pas à un simple geste diplomatique : elle confirme la solidité de l’axe Rabat-Washington, elle renforce le cap stratégique du Maroc dans le dossier du Sahara, et elle s’inscrit dans une trajectoire historique de partenariat multiforme, politique, militaire et économique. Peut-être annonce-t-elle, en filigrane, les prémices d’un règlement final du conflit… à l’approche du 50e anniversaire de la Marche Verte.
Lecture analytique signée par le politologue Redouan Jakha