Alors que les autorités marocaines annoncent un bilan record de l’Opération Marhaba au 4 août 2025, avec 2,8 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE) entrés sur le territoire national et 838 360 véhicules enregistrés, une partie de l’opinion publique, notamment les professionnels du tourisme, met en doute ces chiffres, affirmant que la fréquentation réelle est bien inférieure aux années précédentes. Le ministère de l’Intérieur évoque pourtant une hausse de 10,37 % par rapport à l’été 2024, mais cette progression, bien qu’officielle, suscite scepticisme et controverse.
Dans plusieurs villes touristiques du nord et du sud, les acteurs du secteur constatent une baisse de la clientèle, moins de véhicules immatriculés à l’étranger et des établissements d’hébergement loin d’être saturés. Pour eux, le manque à gagner économique contredit la dynamique supposée des arrivées. La perception du terrain semble en contradiction avec les données annoncées, renforçant un climat de méfiance vis-à-vis des statistiques officielles.
Il devient ainsi difficile de trancher entre perceptions locales et chiffres globaux. Seule la publication des données consolidées du ministère du Tourisme, attendue à la fin de la saison estivale, permettra de dresser une cartographie plus fiable des flux de MRE et de leur impact économique.
Mais cette polémique soulève aussi une autre faille : l’absence de réaction ou de clarification de la part de la ministre du Tourisme. Son silence face à cette crise de confiance est pointé du doigt, d’autant qu’une stratégie de communication proactive et des outils de suivi en temps réel auraient pu éviter cette confusion nationale autour d’un sujet aussi sensible et symbolique que le retour annuel des MRE.
Par Salma Semmar