La justice française s’est lancée dans une procédure internationale inédite : un juge d’instruction a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Salah Eddine Selloum, ancien premier secrétaire à l’ambassade d’Algérie à Paris entre 2021 et 2024. Il est soupçonné d’appartenir à une organisation criminelle terroriste impliquée dans la tentative d’enlèvement à Paris de l’activiste et influenceur opposant algérien Amir Boukhors, connu sous le pseudonyme “Amir DZ”.
Selon Le Monde, le Parquet national antiterroriste (PNAT), en coopération avec les services de renseignement intérieurs (DGSI), avance l’hypothèse d’une coordination avec des agents liés aux services secrets algériens pour enlever l’opposant. Selloum aurait orchestré l’opération en contact avec des mercenaires recrutés pour exécuter l’enlèvement, qui visait à expédier Boukhors vers l’Algérie via l’Espagne, où l’attend une peine de prison de 20 ans en son absence.
Les enquêteurs ont identifié et mis en examen plusieurs individus : outre Selloum, des diplomates algériens sous couverture, deux agents de la DGDSE (renseignement extérieur algérien) et des personnes liées à la criminalité locale ont été impliqués. Des expertises téléphoniques et des retraits d’argent coordonnées apportent des éléments accablants.
L’affaire a provoqué une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris. L’Algérie a suspendu ses relations diplomatiques en expulsant 12 fonctionnaires français, dénonçant une violation flagrante de l’immunité consulaire. La France a répondu par des mesures équivalentes.
Pour les autorités françaises, il s’agit d’une illustration de la « répression transnationale » : les États utiliseraient leurs missions à l’étranger pour porter atteinte à leurs opposants même sur un sol étranger. Les services judiciaires maintiennent l’enquête en cours, plusieurs suspects restent en fuite, et la question de l’étendue du soutien étatique algérien demeure au cœur de l’investigation.
Il s’agit d’un Etat voyou ni plus ni moins