Le Koweït est en deuil après une tragédie sanitaire d’ampleur. Treize personnes ont perdu la vie et des dizaines d’autres ont été hospitalisées à la suite de la consommation d’alcool frelaté, selon l’annonce du ministère de la Santé mercredi.
Depuis samedi, les hôpitaux du pays ont enregistré 63 cas d’intoxication liés à des boissons produites illégalement. Le bilan est lourd : 21 victimes souffrent de cécité totale ou partielle, conséquence directe de l’empoisonnement au méthanol, un alcool industriel hautement toxique. Cinquante et un patients ont dû subir une dialyse d’urgence, tandis que 31 autres ont été placés sous assistance respiratoire, signe de lésions neurologiques et métaboliques sévères.
Un cadre légal strict depuis plus d’un demi-siècle
L’alcool est interdit au Koweït depuis 1964, et sa consommation est pénalisée depuis les années 1980. Cette prohibition alimente un marché noir florissant, où circulent des produits artisanaux ou importés clandestinement, souvent sans aucun contrôle sanitaire.
Des victimes principalement expatriées
Ce drame touche exclusivement des travailleurs asiatiques expatriés, employés dans les secteurs de la construction, des services domestiques et du commerce de détail. Leurs conditions de vie précaires les poussent parfois à recourir à des produits illicites, malgré les risques connus pour la santé.
Les dangers du méthanol et du marché clandestin
Le méthanol, couramment utilisé dans l’industrie comme solvant ou carburant, peut être confondu avec l’éthanol lors de la fabrication artisanale d’alcool. Sa toxicité est redoutable : ingestion même en faible quantité peut provoquer la cécité, une insuffisance rénale ou la mort.
Cette affaire met en lumière les limites de la prohibition totale, qui, si elle empêche la vente légale, ne parvient pas toujours à éradiquer les réseaux clandestins. Elle déplace le problème vers des circuits incontrôlés où la qualité et la sécurité des produits sont inexistantes, exposant les consommateurs aux pires risques.