Il faut remonter à l’an 1516 pour situer le début des relations séculaires entre le Maroc et la Turquie. Mais ce n’est que récemment qu’elles ont connu une véritable accélération grâce aux échanges économiques, lesquels se sont soldés par un lourd passif pour Rabat, dont les efforts d’équilibrage de la balance commerciale s’avèrent insuffisants.
Consacrée par un accord de libre-échange entre les deux pays, la signature de cet accord s’est révélée être un piège pour l’économie marocaine, qui y a laissé des plumes. Face à de lourdes pertes, Rabat s’est résolu à en demander la révision, mais celle-ci reste hypothétique jusqu’à présent, alors que les investisseurs turcs rechignent toujours à s’implanter au Maroc, préférant se contenter d’exporter massivement vers le marché national, une stratégie qui leur a rapporté d’excellents résultats.
Le déficit de la balance commerciale continue de se creuser pour le Royaume, impuissant face à l’explosion des exportations turques qui, de 150 000 tonnes en 2024, sont passées à 291 000 tonnes pour le seul premier trimestre 2025.
La Turquie consolide ainsi sa position de troisième pays contribuant au déficit commercial marocain, après les États-Unis et la Chine, mais elle n’est plus loin de les dépasser si le rapport de forces reste inchangé et si les produits turcs continuent d’inonder le marché marocain grâce à une politique de diversification bien pensée.
Portées par une approche marketing innovante et performante, les entreprises turques connaissent désormais parfaitement le marché marocain et savent exploiter les failles laissées par leurs concurrentes chinoises, qu’elles comptent dépasser sur plusieurs segments. À la mi-2025, le Maroc est ainsi devenu le premier importateur des produits turcs, pour un volume de 1,5 milliard de dirhams, de quoi encourager Ankara à doper ses ventes et à consolider sa présence, au détriment de l’économie marocaine.
Par Jalil Nouri
Le marché automobile turc est un marché énorme pour les fournisseurs marocains. Mais il y a beaucoup d’obstacles non douaniers pour les sociétés étrangères(ex: impossible d’avoir un stock en Turquie sans créer une société turque). Le Maroc pourrait utiliser sa position de force comme client important de la Turquie pour négocier un assouplissement des conditions pour les entreprises marocaines.