La capitale du Maroc vit actuellement au rythme des destructions et des bruits des marteaux-piqueurs, destinés à élargir la voie publique sur l’avenue Mohammed VI, mais aussi à celui des vagues de colère de quelque 300 habitants expropriés.
Mécontents et désemparés, non pas tant pour avoir été délogés par la mairie que pour avoir été indemnisés par une somme jugée dérisoire, ces habitants dénoncent une situation intenable. Contraints d’accepter une indemnité de seulement 100 dirhams le mètre carré, ils rappellent que le prix actuel du marché dépasse largement les 40 000 à 50 000 dirhams, voire davantage.
Cette avenue emblématique longe et traverse les quartiers les plus huppés de Rabat, où se côtoient VIP, hauts dignitaires, familles fortunées, sièges et résidences d’ambassades, ainsi que les sièges de grandes sociétés bancaires et commerciales. Un univers de “happy few” attirés par le standing de ce boulevard, son calme et ses paysages de verdure dans un décor digne de la Californie hollywoodienne. Mais certains habitants plus modestes y vivaient depuis des générations, attachés à ces lieux où s’ancrent leurs souvenirs d’enfance et leurs histoires familiales. Aujourd’hui, ils sont sommés de partir, le cœur serré, et leur détresse se lit dans leurs regards.
Le cri de désespoir résonne désormais dans tout Rabat et dans les médias, après cette décision prise par le Conseil de la Ville au début de l’année. Les ordres donnés n’ont laissé place à aucun état d’âme, et le dédommagement, jugé injuste, n’a fait qu’accentuer le sentiment d’injustice.
Par Jalil Nouri