L’intelligence artificielle s’invite progressivement dans le quotidien des Marocains. Doucement mais sûrement, elle s’intègre au contexte national, s’appliquant à tous les domaines et pour tous les usages — du plus innovant au plus douteux. Entre promesses technologiques et dérives inquiétantes, l’IA « à la marocaine » soulève de nombreux débats.
Si cette technologie de pointe contribue à transformer les mentalités et les habitudes, et fait déjà partie de l’univers des plus jeunes, elle reste loin d’être généralisée ou utilisée de manière optimale. En parallèle de ses apports positifs, certains détournent l’IA pour exercer des activités illégales : tricheries scolaires, manipulations mensongères ou encore créations frauduleuses. Autant de pratiques qui ternissent son image et soulignent l’urgence d’un encadrement.
Pour qu’une telle révolution technologique réussisse et profite à tous, elle doit impérativement être protégée par un cadre réglementaire strict. Mais la tâche n’est pas simple : la législation peine à suivre le rythme d’une innovation en constante évolution. Comme le souligne un expert en nouvelles technologies, « l’IA avance trop vite pour être encadrée efficacement par des lois figées ».
Une conférence récente, consacrée à l’intelligence artificielle au Maroc et marquée par la participation de sommités mondiales, a mis en lumière à la fois les promesses et les risques de cette technologie. Les participants ont insisté sur les apports incontestables de l’IA, mais aussi sur ses travers inévitables, accentués par le manque de préparation du pays et l’insuffisance des moyens pour en garantir un développement sain.
Au-delà des usages, l’IA pose une question cruciale : celle de l’emploi. Le Maroc, avec une jeunesse nombreuse et un chômage persistant, doit anticiper les bouleversements du marché du travail. Si certains métiers risquent d’être automatisés, d’autres, nouveaux, émergent déjà. Investir dans la formation, la reconversion et l’accompagnement des jeunes talents est désormais une urgence nationale.
Un autre enjeu majeur concerne la souveraineté numérique. Aujourd’hui, le Maroc reste largement dépendant des géants étrangers — Google, OpenAI, Microsoft… — au risque de devenir simple consommateur de solutions importées. Développer une IA locale, adaptée aux réalités culturelles, linguistiques et économiques du pays, est essentiel pour préserver l’indépendance technologique et sécuriser les données nationales.
La question demeure entière : le Maroc saura-t-il se protéger des effets pervers d’un usage incontrôlé de l’intelligence artificielle, préserver ses valeurs et tirer parti de ses atouts, ou assistera-t-il impuissant à des dérives semblables à celles constatées ailleurs ? L’IA à la marocaine reste à inventer, mais le temps presse.
Par Salma Semmar