Les derniers chiffres disponibles, couvrant la période 2017-2021, indiquent que 27.626 mariages mixtes ont été contractés par des Marocains et Marocaines avec des conjoints étrangers, toutes nationalités confondues, sur un total de 1,17 million d’unions célébrées durant cette même période. Depuis, aucune statistique officielle n’a été publiée, mais les données éparses recueillies auprès d’associations, d’avocats et de chercheurs confirment une tendance nette : les mariages mixtes reculent au profit des unions 100 % marocaines.
Une nouvelle géographie des unions
Alors qu’autrefois les hommes marocains épousaient majoritairement des Européennes, profitant de leur forte présence en diaspora et d’une ouverture sociale plus marquée, la tendance s’est inversée. Les mariages mixtes concernent désormais davantage les communautés arabes et africaines, surtout chez les femmes. Celles-ci, malgré leur présence croissante dans le monde professionnel et universitaire à l’étranger, privilégient le mariage avec des compatriotes, invoquant des raisons religieuses, culturelles et le respect des choix familiaux.
Les obstacles administratifs et économiques
Au-delà des considérations culturelles, le recul des mariages mixtes s’explique aussi par la lourdeur administrative et juridique : reconnaissance des unions au Maroc, complexité des régimes matrimoniaux, procédures de résidence et d’héritage. Par ailleurs, la crise économique mondiale et le durcissement des politiques migratoires réduisent l’attrait de ces mariages, autrefois perçus comme un tremplin pour améliorer sa situation sociale.
Identité et transmission
Au sein de la diaspora marocaine, un phénomène significatif se dessine, particulièrement chez les nouvelles générations : celui d’un retour assumé aux origines. Face à la mondialisation et à l’influence croissante des sociétés d’accueil, le choix d’un conjoint marocain prend une valeur symbolique et identitaire forte. Il est perçu non seulement comme un moyen de préserver la culture et les traditions familiales, mais aussi comme une garantie pour transmettre aux enfants la langue arabe ou amazighe, la religion musulmane et des valeurs profondément enracinées dans l’histoire marocaine. Ce choix est également motivé par la volonté d’assurer une continuité générationnelle, en renforçant les liens avec la patrie d’origine et en consolidant un sentiment d’appartenance collective.
Un choix de stabilité
Enfin, dans un monde marqué par la montée de l’individualisme et l’évolution des mœurs en Occident, les mariages mixtes sont souvent vus comme risqués. Les Marocains privilégient aujourd’hui des unions perçues comme plus stables et conformes aux traditions locales.