Le ministre de la Santé et de la Protection sociale a récemment ordonné le déploiement de commissions d’enquête chargées d’effectuer des visites inopinées dans les hôpitaux du Royaume. Cette décision intervient après la réception de centaines de plaintes faisant état d’absences répétées de médecins et de personnels de service, au grand dam des patients et de leurs familles.
Si l’initiative se veut louable et répond à une exigence de bonne gouvernance, elle risque néanmoins de manquer d’efficacité. En effet, une fois les visites annoncées, il y a fort à parier que les médecins incriminés se montreront ponctuellement présents, donnant une illusion de normalité. Cette stratégie, bien qu’intelligente sur le papier, pourrait donc se révéler limitée dans le temps.
Le phénomène de l’absentéisme hospitalier ne date pas d’hier. Il est enraciné depuis des décennies dans les hôpitaux publics et s’accompagne d’autres dysfonctionnements structurels. Il est parfois toléré par résignation, sauf lorsque les absences s’allongent et qu’aucun système de remplacement n’est prévu. Dans certains cas, l’absence prolongée des praticiens est aggravée par l’inertie de la direction de l’établissement, elle-même défaillante.
Certains observateurs estiment qu’une démarche plus simple aurait pu produire des résultats plus convaincants : la visite surprise du ministre lui-même dans deux ou trois hôpitaux stratégiques. Un signal fort, susceptible de marquer les esprits, sans mobiliser inutilement les cadres de l’administration centrale qui, en participant à ces commissions, désertent eux aussi leurs bureaux.
En réalité, les multiples plaintes reçues par le ministère doivent être lues au-delà de la simple absence physique des médecins. Elles révèlent un malaise plus profond : le manque de conscience professionnelle chez une frange du corps médical. Tant que ce problème de fond ne sera pas traité, ni les commissions, ni les enquêtes ponctuelles ne suffiront à restaurer la confiance des citoyens dans leurs hôpitaux.
Par Mounir Ghazali