Le débat sur la polygamie ne cesse d’alimenter les discussions au sein de la société, cette fois sous l’angle d’un scandale retentissant, après le démantèlement d’un vaste réseau criminel spécialisé dans la falsification de documents officiels permettant d’obtenir une autorisation de mariage avec une seconde épouse, sans l’accord préalable de la première.
Les auteurs de ce trafic recrutaient leurs clients sur les réseaux sociaux, en leur promettant, contre des sommes importantes, de leur fournir de fausses autorisations signées au nom de juges de la famille. Ces faux documents permettaient ainsi de conclure un nouveau mariage, sans respecter la condition sine qua non d’obtenir l’aval de la première épouse, une autorisation rarement accordée.
Pour parvenir à leurs fins, les malfaiteurs falsifiaient des documents judiciaires, modifiant noms et adresses, afin de présenter de fausses identités et obtenir le précieux sésame de la polygamie. Un procédé qui attire certains couples prêts à tout – y compris à recourir à des moyens illégaux – pour officialiser leur union malgré le refus répété de l’épouse légitime, laissée de côté avec pertes et fracas.
L’affaire a provoqué une vive inquiétude dans les milieux judiciaires, confrontés à l’usage frauduleux de documents et à l’usurpation d’identité de magistrats. La gravité des faits devrait amener les enquêteurs à se pencher sur les unions déjà conclues grâce à ces procédés mafieux, ce qui pourrait aboutir à de nombreuses arrestations, alors que les auditions des membres du réseau viennent de commencer.
Pour rappel, le Code de la famille, depuis sa première réforme en 2004 – en attendant la prochaine – stipule que tout remariage d’un époux ne peut être autorisé qu’après l’accord exprès de la première épouse, accord qui doit être confirmé devant un juge à plusieurs reprises, afin de s’assurer de sa liberté de décision et de l’absence de toute pression.
Par Jalil Nouri