Les chiffres ne sont pas du meilleur effet et poussent à s’interroger sur le métier de psychiatre au Maroc et sur la situation difficile de son exercice.
Selon une étude révélée par le magazine hebdomadaire Tel Quel, dont l’auteur est un membre de la profession et enseignant à la faculté de médecine d’Oujda, le professeur Mohammed Barrimi, 7,7 % des psychiatres en activité ont déjà tenté, au moins une fois, de se suicider.
Dressant tout d’abord le tableau de la situation de ces professionnels avant d’expliquer les raisons de ce phénomène inquiétant, inexistant dans toute autre spécialité, l’auteur de l’étude scientifique souligne qu’au Maroc il n’existe qu’un nombre insignifiant de psychiatres : un total de 418 praticiens, soit un pour 100 000 habitants. Un chiffre dérisoire, très largement en deçà des normes fixées par l’OMS, qui place le Maroc parmi les pays les plus mal classés.
Les conditions de travail difficiles, la surcharge des consultations, la complexité des pathologies liée aux conditions économiques et sociales des patients, la progression vertigineuse des cas d’addiction, le stress et les burn-outs causés par des rythmes effrénés sont autant de facteurs aggravants. Ils rendent cette activité quasiment impossible dans l’état actuel, avec des moyens limités et une politique sanitaire nécessitant une révision profonde.
Face à des hôpitaux publics saturés et un secteur privé en sous-effectif, les familles des patients n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience — et celui de leurs proches en souffrance — dans l’attente d’une meilleure prise en considération de cette anomalie préoccupante.
Par Jalil Nouri
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