À un an des élections législatives prévues en septembre 2026, le ministère de l’Intérieur a ouvert un chantier crucial : la révision du cadre légal qui encadrera ce scrutin. Conformément aux orientations royales exprimées dans le dernier discours du Trône, Abdelouafi Laftit a entamé une série de consultations avec les partis politiques. Après une première rencontre exploratoire, le ministre a entamé la semaine passée une deuxième ronde, consacrée à l’examen des propositions soumises par les formations politiques. Une troisième session est programmée début octobre, avec la présentation des premières moutures des projets de loi.
Entre élargissement de la représentativité et moralisation de la vie publique
Les attentes des partis divergent. Le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) plaide pour l’ajout de 55 sièges, portant le total des députés à 450, et pour un soutien accru à la participation des femmes et des jeunes. Le Parti de l’Istiqlal, de son côté, réclame 30 sièges supplémentaires réservés aux femmes, et innove en proposant un dispositif favorisant l’inclusion politique des personnes en situation de handicap, avec des mesures concrètes pour faciliter leur participation au vote et leur éligibilité.
D’autres formations, comme le Parti du progrès et du socialisme (PPS), insistent davantage sur l’assainissement du jeu électoral. Dans sa note, le PPS préconise le durcissement des sanctions contre l’achat des voix, l’exploitation des ressources publiques à des fins électorales et l’usage abusif des réseaux sociaux. Le parti propose également la numérisation de l’ensemble du processus, du registre électoral à l’annonce des résultats, pour renforcer la transparence.
La question des « listes » continue aussi de diviser. Alors que certaines formations souhaitent le retour de la liste nationale des jeunes, supprimée en 2021, d’autres redoutent un retour du « clientélisme » et du « quota de faveur » qui avait alimenté de vives polémiques. Le maintien des listes régionales pour les femmes fait en revanche consensus, en tant qu’instrument de discrimination positive jugé nécessaire.
Un enjeu de crédibilité
Au-delà de ces débats techniques, l’enjeu principal reste la crédibilité du scrutin. Le ministère de l’Intérieur envisage d’introduire un « pacte d’honneur » engageant les partis à ne pas adouber de candidats poursuivis pour corruption ou détournement de fonds publics. Une mesure saluée par certains, mais jugée difficile à appliquer par d’autres, tant les « notables » demeurent une ressource électorale incontournable pour certaines formations.
Experts et observateurs rappellent que la réussite des élections de 2026 ne se mesurera pas seulement au taux de participation, mais aussi à la confiance retrouvée entre citoyens et institutions. Dans un contexte marqué par le désenchantement politique, la réforme de la législation électorale s’impose comme un test de la capacité des partis et de l’État à moderniser le système, tout en respectant les équilibres démocratiques du pays.
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