Comme son époux, Nabil Ayouch, malheureux en 2025 à la prestigieuse cérémonie des Oscars dans la catégorie du meilleur film international avec son film « Everybody Loves Touda » — un anglicisme, comme s’il savait par avance qu’il serait choisi pour être présenté aux États-Unis —, sa femme, la réalisatrice Myriam Touzani, en reviendra-t-elle bredouille ? Il ne faut surtout pas l’espérer pour cette cinéaste prometteuse, qui a su montrer ses qualités au niveau international, mais peu au niveau national.
Talentueuse, professionnelle jusqu’au bout des ongles, applaudie avec constance et ferveur à chacune de ses sorties de film dans les festivals internationaux, Myriam Touzani, profil engagé, a été choisie par le Centre cinématographique marocain pour représenter le Maroc à la compétition officielle des Oscars, catégorie du film international, avec sa dernière réalisation, « Calle Malaga », écrit et tourné à Tanger. Ce ne sera pas une première pour elle de porter haut les couleurs nationales, puisqu’elle avait été sélectionnée pour cette même compétition en 2020 avec son premier long métrage, « Adam », qui n’a connu qu’un succès mérité mais éphémère.
Pour ceux qui ont eu le privilège de voir ce dernier opus, le constat est clair : la réalisatrice est montée en gamme pour titiller le statut de cinéaste de premier plan, comme l’a montré l’accueil réservé lors de sa projection à la Mostra de Venise, bien qu’elle n’en ait pas été récompensée par un prix majeur. Mais elle le sera probablement aux festivals de Toronto, et pourquoi pas aux Oscars 2026, pour la première fois en faveur d’un film marocain, malgré son titre en espagnol — un titre vendeur.
Mais « Calle Malaga » existe dans la réalité et dans l’esprit, puisque cette rue existe à Tanger, où l’histoire se déroule et où vivait la grand-mère de Myriam Touzani, d’origine espagnole justement, dont l’histoire est contée et dont Myriam a été témoin. Et qui de mieux que cette réalisatrice, habituée des profondeurs de l’intime, pour la relater ? Son regard et sa capacité indéniables à faire parler le passé avec émotion en font aujourd’hui celle qui saura faire parler le talent cinématographique marocain.
Par Jalil Nouri
.