À la sortie d’un gala qui a sacré Ousmane Dembélé Ballon d’or, Mounir Nasraoui, père de Lamine Yamal, n’a pas caché son dépit. « L’année prochaine, c’est pour nous », a-t-il lancé devant la presse espagnole, évoquant au passage « quelque chose de très étrange » durant la soirée — une formule qui revient à contester, à mots à peine couverts, le verdict.
Invité par visioconférence de l’émission El Chiringuito, Nasraoui a enfoncé le clou : « Je ne dirai pas “vol”, mais c’est un préjudice moral. » Sous-entendu : le classement ne refléterait pas la vérité sportive de la saison.
Le père du prodige du Barça assure par ailleurs que « Lamine Yamal est de loin le meilleur joueur du monde », sans « rival », et promet qu’il décrochera le trophée l’an prochain. Défense paternelle compréhensible, certes, mais la mise en cause publique d’un scrutin reconnu alimente la suspicion, bousculant les codes du fair-play et le respect des instances.
Ce type de réaction, classique au lendemain des grandes cérémonies, comporte deux risques : éclipser la performance du lauréat — en l’occurrence Dembélé — et ajouter une pression inutile sur un joueur de 18 ans, appelé à construire sa carrière dans la durée. Le talent de Lamine Yamal n’est contesté par personne ; il se passera de polémiques pour rester au centre du jeu.
Le débat sur les critères du Ballon d’or (titres, statistiques, influence, régularité, matches clés) est légitime. La remise en cause insinuée d’un résultat l’est moins. Sur le terrain, la règle demeure : accepter la décision du jour… pour mieux la renverser demain.
Reste une dissonance dans la symphonie : Achraf Hakimi, seulement sixième. Difficile à comprendre au vu d’une saison majuscule — Ligue des champions décisive, hégémonie en Ligue 1, 108 occasions créées en jeu ouvert, des buts en quarts, demies et finale de C1. Un pedigree de podium. Pourtant, derrière Dembélé, Yamal, Vitinha, Salah et Raphinha, Hakimi a choisi la voie étroite de la dignité : aucun procès d’intention, aucun mot de trop. Respect des votes, respect du lauréat, regard déjà tourné vers le terrain.
C’est sans doute là que se niche sa noblesse sportive : ne pas contester la décision, la dépasser. Pour Hakimi, le verdict n’est pas un point final mais un point-virgule : continuer à dominer son couloir, peser dans les grands soirs, et laisser la saison prochaine — et les prochains rendez-vous majeurs — établir, balle au pied, la hiérarchie que les chiffres racontent déjà.
Par Mounir Ghazali