Depuis que les malades et leurs familles ont allumé, avec une colère légitime, le feu de la contestation contre la gestion de leur hôpital Hassan II, et malgré les promesses rassurantes du gouvernement de se pencher sur le dossier du système de santé publique — de le revoir de fond en comble dans son fonctionnement —, la contestation s’est répandue à travers le Maroc comme une traînée de poudre. Le ministère de l’Intérieur a, lui, décidé d’interdire manifestations et sit-in devant les hôpitaux ; mais rien n’y fait : chaque jour, des unités voient affluer des foules venues crier leur exaspération.
À Essaouira, les autorités ont procédé à des arrestations préventives ; dans d’autres villes — Taounate, Zemamra, Meknès, Fès, Tiznit, Oulad Teïma — des rassemblements similaires sont attendus, sauf intervention des forces de l’ordre, qui tentent de les empêcher sans recours à la violence. Cette déflagration pourrait toutefois évoluer vers un scénario plus grave.
Le système de santé publique est sur toutes les lèvres, dans les médias et sur les réseaux sociaux, où appels et stories se relaient pour accentuer la pression : obtenir un meilleur service et des hôpitaux dignes du pays. Trop souvent, des personnes entrent vivantes et ressortent mortes, après des rendez-vous fixés à deux ans d’attente.
Le Parlement n’est pas en reste : des députés laissent d’autres dossiers de côté pour ne traiter que cette crise, interpellant le chef du gouvernement et réclamant une séance spéciale consacrée à ce malaise profond et brutal, qui commence à produire des dégâts collatéraux sur le plan politique. Le parti d’Akhannouch, le RNI, pourrait même en faire les frais lors des prochaines élections.
Il semble que tout le Maroc ait été saisi d’une fièvre de mécontentement face à la faillite d’un système décrié de longue date, mais longtemps larvé, éclaté au grand jour à partir d’Agadir avec une colère grandissante semée aux quatre coins du pays.
Par Jalil Nouri