Depuis près d’une semaine, le pays navigue en eaux troubles informationnelles. À un rythme soutenu, rumeurs et fausses nouvelles se multiplient, au point de pousser le ministère de l’Intérieur et plusieurs autorités locales à sortir de leur réserve pour démentir publiquement, apporter des éclaircissements et rétablir les faits. Objectif : calmer les esprits et redonner une image fidèle de la situation.
Parmi les intox les plus marquantes, celle annonçant un prétendu discours imminent du Souverain devant le Parlement « en milieu de semaine », en amont de la date officielle d’ouverture fixée au vendredi suivant. L’information, dénuée de tout fondement, s’est propagée sans que le Palais ne juge utile d’entrer dans le jeu du démenti — rappelant qu’en matière d’agenda royal, seules les sources officielles font foi.
Hier encore, en milieu d’après-midi, une autre rumeur fulgurante a envahi les réseaux sociaux : l’instauration d’un couvre-feu général dès la soirée. Effet domino immédiat : fermetures précipitées de banques et de commerces « pour éviter d’éventuels pillages », suspension de cours dans certains établissements et embouteillages monstres, notamment à Casablanca, où la circulation s’est retrouvée paralysée des heures durant jusqu’à la tombée de la nuit. Une panique auto-entretenue, nourrie par l’alerte virale et le bouche-à-oreille.
À ces affabulations s’ajoutent de faux bilans d’« affrontements » inventés de toutes pièces : morts et blessés fantasmés, voitures et supermarchés incendiés, édifices publics touchés — y compris des ministères à Rabat — alors que le calme y régnait, après quelques remous en début de semaine. Plus étonnant encore : des messages attribués à des auxiliaires d’autorité alertant dans certains marchés et artères commerciales de « pillages imminents », contribuant à amplifier la nervosité générale.
Enfin, la « palme » du mensonge revient à l’annonce d’une hypothétique épidémie « déjà présente » sur le territoire. Un récit anxiogène, sans aucune base sanitaire, venu coiffer une séquence d’intox où l’imaginaire le dispute au sensationnalisme.
Face à ce déferlement, les autorités rappellent le principe de responsabilité : vérifier à la source, ne pas relayer sans preuve, et s’en tenir aux canaux officiels. Car au-delà du bruit, ces fakes ont un coût bien réel : désorganisation, pertes économiques, stress collectif et encombrement des services publics. La bataille contre la désinformation se joue autant sur le terrain sécuritaire que civique. Et elle appelle, d’abord, au sang-froid.
Par Jalil Nouri