Il s’agit de la grande question politique du moment : son départ, exigé par la génération Z comme condition d’un retour à la normale, est-il réellement envisageable ?
Un début d’accalmie est perceptible depuis hier, ce qui pourrait le préserver du pire.
La décision d’un éventuel limogeage appartient naturellement à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui l’a nommé, et non à la rue ou au mouvement. L’homme n’est pas l’unique responsable des maux dénoncés par les jeunes manifestants : les gouvernements successifs portent, à des degrés divers, leur part de responsabilité dans les retards de développement que connaît le pays.
Dans l’attente d’y voir plus clair, et à la veille du discours que le Souverain prononcera vendredi devant le Parlement à l’occasion de l’ouverture de la dernière session législative, il est évident qu’Aziz Akhannouch, dont l’image n’a jamais été aussi dégradée, doit tirer toutes les conclusions politiques de cette semaine de troubles et de tensions. À l’approche des élections, son avenir s’est assombri en quelques jours, au point de lui faire endosser l’ensemble des problèmes du pays.
Pour lui d’abord : descendu de son piédestal, il ne peut plus espérer diriger le gouvernement comme auparavant, ni conduire sa formation, le RNI, ni, par ricochet, se maintenir durablement en politique après une série d’échecs — souvent jugés injustes — alors que son mandat touche à sa fin, malgré une marge de manœuvre qui semblait intacte.
Lui qui ambitionnait de consolider la première place de son parti, de remporter les prochaines législatives et de rester à la tête d’une majorité confortable, le voilà contraint de reconnaître un échec dans la conduite des affaires publiques, car ce sont surtout les revers qui resteront en mémoire.
En attendant d’être fixé sur son sort, il continuera d’expédier les affaires courantes « contre mauvaise fortune bon cœur » et devrait envisager de présenter ses excuses aux citoyens — notamment à ceux qui lui ont accordé leur confiance — pour n’avoir pas tenu les promesses de campagne de son parti, partir la tête haute et tirer les leçons de cette défaite.
Par Jalil Nouri