Alors que le mouvement de contestation a dépassé sa première semaine et semble s’inscrire dans la durée, dans l’attente du discours royal de vendredi devant le Parlement, ses animateurs sur Discord multiplient les appels à la diaspora marocaine de leur génération pour organiser des manifestations et des sit-in devant les ambassades, consulats et lieux très fréquentés, notamment les sites touristiques. Sur le terrain, toutefois, les résultats rapportés apparaissent mitigés.
Le week-end a bien vu plusieurs rassemblements, mais en nombres limités et dispersés dans diverses villes européennes. Peu familiers des slogans et des pancartes, les passants ont souvent prêté une attention distraite à ces initiatives, d’autant que certains quartiers étaient calmes en raison du repos hebdomadaire. À Londres, par exemple, un regroupement de quelques dizaines de personnes s’est tenu brièvement devant l’ambassade du Royaume : du matériel a été saisi, sans interpellations, et la dispersion s’est faite sans incident.
Le bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux n’a pas suffi. Une partie des jeunes Marocains établis à l’étranger semble peu sensibilisée au contexte social du pays et aux spécificités de la séquence actuelle. Dans ces conditions, la mobilisation peine à prendre, alors que, sur le territoire national, le mouvement donne déjà des signes d’essoufflement.
La Gen Z locale pourrait en tirer des enseignements : si la mobilisation a connu, au Maroc, des débordements ponctuels, il paraît peu probable que les Marocains de la troisième et quatrième générations à l’étranger se sentent directement concernés par une situation perçue comme lointaine, loin de leurs préoccupations quotidiennes dans les pays d’accueil, où leurs conditions de vie sont souvent meilleures.
Par Jalil Nouri