Le discours que prononcera le roi Mohammed VI, ce vendredi, au Parlement sera, à n’en point douter, l’un des plus importants de son règne et parmi les plus suivis par un peuple qui, ces dernières semaines, est descendu quotidiennement dans la rue pour dénoncer sa situation, rejeter l’équipe gouvernementale issue de trois partis et réaffirmer sa confiance dans l’autorité royale.
Tous l’attendaient au début de la contestation sociale, lorsque les événements ont pris une tournure incontrôlable, avec des scènes d’une rare violence et des morts.
Certes, le calme est revenu, mais rien ne dit que le mouvement Gen Z s’essoufflera de sitôt tant ses animateurs paraissent déterminés à aller loin.
Les Marocains attendent donc des décisions fortes du Souverain pour mettre fin au laisser-aller qui se serait accentué avec l’arrivée de l’actuel gouvernement, jugé impuissant face aux crises de ces dernières années : baisse du pouvoir d’achat sous l’effet d’une inflation galopante, défaillances des services publics — au premier rang desquels la santé et l’éducation — et faiblesse d’un exécutif perçu comme peu à l’écoute, communiquant mal et empêtré dans des scandales touchant, y compris, son chef, Aziz Akhannouch, dont le limogeage est régulièrement réclamé par la vox populi lors des manifestations.
Nombreux sont les citoyens qui ont adhéré au mouvement et à ses revendications ; ils attendront, dans quelques heures, devant leur télévision, que le roi leur rende l’espoir en manifestant sa compréhension de leur détresse et de leurs difficultés quotidiennes, et en ouvrant un vaste chantier d’amélioration des services publics. Ils ne pourront toutefois guère espérer un changement de gouvernement à un an des élections.
Déjà difficiles, les temps pourraient le devenir davantage au cours des prochains mois, avec des débats explosifs sur la réforme des retraites et, également, sur celle de la Moudawana, alors que les écoles, lycées, collèges et universités sont engagés dans une phase de transformation agitée, sur fond de tensions.
Autant dire que ce discours royal du 10 octobre fera office de curseur pour l’avenir de tous.
Par Jalil Nouri