Le prince Moulay Hicham Alaoui a expliqué les raisons de sa plainte contre le youtubeur marocain Mohamed-Reda Taoujni, au lendemain de la première audience tenue à Rabat. Le cousin de S.M. le Roi Mohammed VI affirme que son action « ne vise pas l’opinion », mais des accusations précises de diffamation portant sur des mouvements financiers colossaux attribués au prince « sans la moindre preuve ». Selon ses déclarations, Taoujni lui a imputé d’avoir « ordonné le transfert de centaines de millions de dollars hors du Maroc » — une formulation qui, en arabe, renverrait à au moins 300 millions de dollars, soutient le prince, qui appelle son contradicteur à produire toutes les pièces devant la justice.
Sur le plan procédural, l’audience d’ouverture a été renvoyée à décembre, à la demande des deux parties, le temps de verser les éléments au dossier et d’organiser la défense. Le parquet et le tribunal devront trancher sur la qualification des propos en cause (injure, diffamation, ou fausse nouvelle) et, le cas échéant, sur l’étendue du préjudice invoqué.
Au-delà du cas individuel, l’affaire relance le débat récurrent sur la responsabilité des créateurs de contenus et les lignes rouges juridiques du débat public à l’ère des réseaux. Pour les soutiens du prince, la démarche vise à sanctuariser la preuve contre la rumeur ; pour d’autres, elle soulève la question de l’équilibre entre liberté d’expression et atteinte à la réputation. Reste que l’issue dépendra des éléments matériels et du contradictoire : la justice dira si les allégations reposent sur des faits vérifiables, ou relèvent du pur procès d’intention.
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