C’est à croire que le Festival national de cinéma, qui ouvre ses portes pour une énième édition ce vendredi à Tanger, est un événement en vase clos pour professionnels, invités à une fête annuelle d’une semaine, avec un animateur généreux avec l’argent du contribuable et sans reddition des comptes, le CCM, le Centre cinématographique.
Sans jamais avoir présenté son bilan moral et financier, le festival, maintenu dans son esprit, ses objectifs et sa forme par la nouvelle direction de cette institution, se complaît dans sa conception bancale et routinière de non-événement, très loin de l’image que l’on peut se faire d’une vraie manifestation majeure du 7e art, avec non pas des strass et paillettes uniquement, mais avec des projections d’œuvres méritantes et enrichissantes comme savent en faire les jeunes talents, des débats passionnés sur des sujets de grand intérêt et non des soliloques, des invités de renom dignes d’intérêt pour le cinéma marocain et surtout une visibilité à l’étranger.
Le Festival national du cinéma semble se satisfaire cette année encore de quelques films, avec mention pour certains donnés favoris par avance pour obtenir le Graal, du parterre d’invités habituels sans justification et abonnés aux premiers rangs, des éternels désordres dans l’organisation non maîtrisée, une présence médiatique ignorant tout du cinéma et d’autres travers indescriptibles collant à la peau de son image. Le but de la critique n’est pas de descendre gratuitement un non-événement, car sa peine de le réaliser doit lui suffire, mais de l’inciter à marquer une période d’arrêt afin de se remettre en question en remettant tout le système du cinéma national à plat, à commencer par sa propre maison mère et la mission réelle dédiée au Centre cinématographique, et non à celle d’organisateur de réjouissances.
Par Jalil Nouri