Coup dur à l’horizon 2026 pour des milliers d’étudiants étrangers en France. Le projet de loi de finances présenté par le gouvernement prévoit la suppression des APL (aides personnalisées au logement) pour les étudiants hors Union européenne non boursiers. Les jeunes Marocains très présents dans l’enseignement supérieur français figurent parmi les publics les plus exposés.
La mesure s’inscrit dans un cadre plus large de gel des prestations : ni allocations familiales ni APL ne seraient revalorisées en 2026, contrairement à l’indexation sur l’inflation pratiquée habituellement. L’exécutif met en avant une économie de 108 M€ liée au maintien des APL au niveau de 2025, dont 54 M€ imputables à l’absence de revalorisation. En revanche, aucune évaluation chiffrée n’accompagne, pour l’heure, la suppression pure et simple des APL pour les étudiants extra-communautaires non boursiers.
Dans le monde universitaire, l’alarme est donnée. La présidente de la FAGE, Suzanne Nijdam, estime que retirer les APL à ces étudiants revient à fermer la porte à « quasiment l’ensemble » d’entre eux. Manuel Domergue (Fondation Abbé Pierre/Fondation pour le logement des défavorisés) avertit d’un risque social massif, rappelant que les systèmes de bourse internationaux sont hétérogènes et que seulement 2 à 3 % des 315 000 étudiants extra-communautaires en France bénéficient d’une bourse.
Au-delà du débat budgétaire, les acteurs de l’enseignement supérieur redoutent des abandons d’études, une précarisation accrue et un signal dissuasif envoyé à l’international. Pour les étudiants marocains, souvent tributaires d’un emploi partiel et d’un budget au cordeau, la disparition d’un soutien comme l’APL fragiliserait directement l’accès au logement — condition essentielle de la réussite académique.