L’Arabie saoudite a franchi un nouveau seuil inquiétant en matière d’application de la peine capitale. Depuis le début de 2025, au moins 300 exécutions ont été recensées sur la base des annonces officielles, dont 33 pour des faits qualifiés de “terrorisme” et 202 liés à des affaires de drogue. Un rythme qui laisse augurer un dépassement du record de 338 exécutions en 2024.
Lundi, les autorités ont annoncé l’exécution d’Abdullah al-Derazi, ressortissant saoudien originaire de la province orientale, condamné pour « terrorisme ». Son cas rallume la controverse : selon Amnesty International, les faits qui lui étaient reprochés remontent à 2011, lors de rares manifestations antigouvernementales, et il était mineur au moment des événements. L’ONG avait déjà alerté en 2023 sur la confirmation secrète par la Cour suprême de condamnations visant des jeunes accusés d’avoir participé à ces protestations, sans en informer familles ni avocats.
La famille d’al-Derazi aurait appris l’exécution via les réseaux sociaux, a rapporté Duaa Dhainy de l’Organisation euro-saoudienne pour les droits humains (ESOHR), dénonçant une absence de notification officielle qui prive les proches d’un dernier adieu. Le dossier fait écho à celui de Jalal al-Labbad, exécuté en août pour des faits similaires, également commis alors qu’il était mineur d’après les défenseurs des droits.
Malgré l’annonce, en différentes séquences, de réformes judiciaires et de limites à l’application de la peine de mort dans certains cas, la réalité statistique montre un recours toujours massif à l’exécution, en particulier pour les délits de stupéfiants. Les experts onusiens ont, en mai, appelé à la libération d’al-Derazi et de quatre autres personnes condamnées pour des infractions remontant à leur minorité, réitérant les standards internationaux qui prohibent la peine capitale pour des faits commis par des moins de 18 ans.
Au-delà du débat sur la sécurité et l’ordre public invoqués par Riyad, le traitement de ces affaires met en lumière la transparence des procédures, l’accès à la défense, et le respect des obligations internationales. À mesure que le compteur des exécutions progresse en 2025, les appels se multiplient pour instaurer un moratoire, voire engager une révision des dossiers impliquant des mineurs au moment des faits. Pour les ONG, l’enjeu n’est pas seulement statistique : il touche au cœur des garanties fondamentales d’un État de droit.
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