Les juges d’instruction des trois tribunaux spécialisés dans les crimes financiers — à savoir ceux des régions de Tribunal des crimes financiers de Rabat‑Salé‑Kénitra, de Tribunal des crimes financiers de Fès‑Meknès et de Tribunal des crimes financiers de Marrakech‑Safi — ont pris une mesure inédite : l’interdiction de quitter le territoire national a été prononcée contre de nombreux élus, fonctionnaires et responsables liés à des affaires de corruption présumée.
Quelques jours seulement avant l’ouverture de la session d’automne du Parlement, plusieurs présidents de collectivités, plus de dix selon les sources, mais aussi des parlementaires actuels et anciens, des techniciens, des entrepreneurs, des architectes et des fonctionnaires, voient leur passeport confisqué et leurs frontières fermées.
Un exemple illustre la portée de ces mesures : un vice-parlementaire d’un parti membre du gouvernement, initialement autorisé à se rendre en Espagne pour des soins médicaux, s’est vu retirer de nouveau son passeport dès son retour, dans le cadre d’une enquête pour falsification d’un dossier de création d’école privée, puis poursuivi pour corruption administrative et financière.
Outre les parlementaires et présidents de collectivités, ce sont également des responsables de bureaux d’études, des architectes et des fonctionnaires territoriaux qui sont visés par cette interdiction. Le quotidien Assabah rapporte que ces mesures interviennent avant l’ouverture de l’instruction détaillée par les juges d’instruction.
Le contexte est clair : dans un climat politique où la « moralisation de la vie publique » est affichée comme priorité, les partis politiques concernés ont pour l’heure refusé de mandater des avocats pour certains des élus mis en cause, de peur du retentissement médiatique et de la sensibilité des accusations.
Avec cette série de décisions, l’appareil judiciaire semble envoyer un message fort : la lutte contre la corruption, la mauvaise gestion et la dilapidation des deniers publics est prise très au sérieux, y compris à l’échelon des élus locaux et nationaux. Le thème n’est plus tabou.
La suite de l’enquête avec auditions, mises en examen et peut-être poursuites, s’annonce déterminante pour le paysage politique et administratif du Royaume.










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