Le drame qui a coûté la vie à un nourrisson dans une crèche située dans le quartier de Bir Chifa à Tanger mardi dernier continue de soulever une vague d’indignation et d’alimenter des débats houleux sur les réseaux sociaux marocains. Au-delà de la tragédie elle-même, ce sont les réactions qu’elle a suscitées qui divisent profondément l’opinion publique, particulièrement après l’intervention controversée d’un influenceur qui a détourné l’attention du véritable problème vers un discours antiféministe qui a choqué de nombreux internautes.
La famille endeuillée avait simplement cherché un lieu sûr pour confier leur enfant pendant leurs heures de travail, une démarche que des milliers de parents accomplissent quotidiennement au Maroc. Les images capturées par les caméras de surveillance de l’établissement ont révélé des détails bouleversants sur les circonstances du drame, montrant une négligence grave qui aurait conduit au décès du bébé. Ces enregistrements vidéo ont circulé largement sur les plateformes numériques, provoquant stupeur et colère parmi les Marocains qui découvraient l’ampleur de l’irresponsabilité dont ont fait preuve les personnes censées protéger les enfants.
C’est dans ce contexte douloureux que l’influenceur controversé Ilyas Kharisi, plus connu sous le pseudonyme de Cheikh Sar, a décidé d’intervenir publiquement, déclenchant une tempête de réactions indignées. Sur sa page officielle, il a publié un message qui a rapidement enflammé les débats en écrivant : « Catastrophe des crèches, mon frère l’homme, mieux vaut assumer la pauvreté que d’épouser une femme qui travaille. Marie-toi avec une pauvre qui reste à la maison, et vis selon tes moyens avec modestie, sinon tu le regretteras pour plusieurs raisons et pas seulement à cause des crèches. »

Cette prise de position a immédiatement provoqué des réactions passionnées et divergentes sur les réseaux sociaux. Une partie significative des internautes a vivement critiqué ce discours qu’ils considèrent comme une tentative flagrante de faire porter à la mère la responsabilité du décès de son enfant sous prétexte qu’elle travaille. Ces critiques soulignent que Cheikh Sar détourne l’attention du véritable problème qui réside dans le manque de réglementation stricte et de contrôle efficace des établissements d’accueil des enfants.
De nombreux commentateurs ont qualifié les propos de l’influenceur de rétrogrades et sexistes, accusant ce type de discours de perpétuer des stéréotypes dépassés concernant le rôle de la femme dans la société contemporaine. Ils estiment que dans un contexte où les conditions économiques obligent souvent les deux parents à travailler pour subvenir aux besoins de leur famille, tenir de tels propos revient à nier la réalité vécue par des millions de Marocains et à culpabiliser injustement les mères qui n’ont d’autre choix que de confier leurs enfants à des structures d’accueil.
Les défenseurs des droits des femmes ont particulièrement dénoncé cette rhétorique qu’ils jugent dangereuse car elle détourne l’attention des véritables responsabilités institutionnelles et individuelles dans cette tragédie. Ils insistent sur le fait que la discussion devrait se concentrer sur l’amélioration des normes de sécurité dans les crèches, le renforcement des mécanismes de contrôle, la formation adéquate du personnel et les sanctions sévères contre les établissements qui ne respectent pas les réglementations en vigueur.
Les enquêtes menées par les services de sécurité ont mis en lumière une négligence criminelle qui dépasse l’entendement. Les investigations ont établi qu’une employée de la crèche avait confié la surveillance et les soins du nourrisson à une fillette de seulement huit ans, une décision totalement irresponsable qui a eu des conséquences tragiques. Cette enfant, qui n’avait évidemment ni la maturité ni les compétences nécessaires pour s’occuper d’un bébé, n’a pas pu empêcher les chutes répétées du nourrisson qui ont causé de graves traumatismes crâniens.
Malgré les tentatives désespérées de sauver la vie du bébé après son transfert urgent à l’hôpital, les médecins n’ont rien pu faire face à la gravité des blessures subies. Les traumatismes à la tête étaient trop importants et le nourrisson a succombé à ses blessures, laissant une famille dévastée et une communauté sous le choc face à cette perte insensée qui aurait pu être évitée si les normes élémentaires de sécurité et de professionnalisme avaient été respectées.
Face à la gravité des faits établis, le parquet a décidé de poursuivre pénalement la propriétaire de la crèche ainsi que l’employée impliquée directement dans l’incident. Les deux femmes ont été placées en détention provisoire dans l’attente de la finalisation de l’enquête et de la détermination précise des responsabilités légales de chacune. Cette mise en détention témoigne de la volonté des autorités judiciaires de traiter cette affaire avec la sévérité qu’elle mérite et d’envoyer un message clair aux gérants d’établissements similaires concernant l’importance du respect des normes de sécurité.
 
			 
                                 
			 
                                
 
                                








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