La récente résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée le 31 octobre, marque un tournant majeur dans le dossier du Sahara. En consacrant le plan d’autonomie marocain comme base sérieuse et crédible de règlement, l’ONU confirme l’évolution d’un consensus international favorable à Rabat. Ce texte, soutenu activement par les États-Unis, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à encourager un rapprochement entre le Maroc et l’Algérie, un vieux rêve maghrébin désormais relancé sous l’impulsion de Washington.
Pour Rabat, cette résolution couronne une série de succès diplomatiques accumulés depuis la reconnaissance américaine de 2020. Le Maroc a consolidé un bloc d’appuis stratégiques — Espagne, France, Royaume-Uni, pays africains et arabes — tout en s’imposant comme un acteur économique et sécuritaire central dans la région. L’alliance avec Israël a, de son côté, offert au Royaume un avantage technologique et militaire indéniable. Cette position de force lui permet aujourd’hui d’aborder toute reprise du dialogue avec Alger en terrain favorable, avec le plan d’autonomie comme ligne rouge non négociable.
Dans cette conjoncture décisive, le Roi Mohammed VI a, une fois encore, réaffirmé sa vision d’un Maghreb apaisé et solidaire. Fidèle à sa tradition diplomatique fondée sur le dialogue et la fraternité, le Souverain marocain a adressé une invitation au président algérien en vue d’engager un dialogue direct et sincère entre les deux pays. Depuis plusieurs années, le Roi n’a cessé de tendre la main à Alger, appelant à dépasser les malentendus et à ouvrir une nouvelle page dans les relations bilatérales. Son message, empreint de sagesse et de clairvoyance, vise à faire prévaloir les intérêts des peuples frères sur les divergences politiques. En plaçant la paix et la stabilité régionale au cœur de sa démarche, le Roi réaffirme la vocation du Maroc à œuvrer pour un avenir commun fondé sur la coopération, le respect mutuel et la complémentarité.
De son côté, l’Algérie, soutien historique du Front Polisario, se retrouve dans une situation délicate. Isolée diplomatiquement au Sahel après le retrait de plusieurs alliés et confrontée à la pression américaine sur ses relations militaires avec la Russie, Alger semble amorcer un léger assouplissement. La visite du conseiller américain Massad Boulos en juillet 2025 à Alger a ouvert une brèche, laissant entrevoir une volonté de désescalade prudente. Mais la doctrine militaire algérienne, qui utilise la « menace marocaine » comme levier de cohésion interne, reste difficile à infléchir.
Au Maroc, la question du Sahara est intimement liée à la légitimité monarchique : aucune concession n’est envisageable sur la souveraineté. En Algérie, l’armée détient le pouvoir réel et veille à maintenir un discours nationaliste autour de la défense du peuple sahraoui. Les deux nations dépensent des sommes colossales pour leurs armées : environ 13 milliards de dollars pour Rabat et plus de 25 milliards pour Alger. Ce déséquilibre militaire alimente une tension latente que tout dialogue devra contenir.
Un scénario en deux phases pour la paix
Les observateurs internationaux, dont le Middle East Institute, esquissent un plan en deux étapes :
Phase 1 : un cessez-le-feu durable garanti par la MINURSO, la mise en place d’une feuille de route pour l’autonomie intégrant le Polisario, et l’ouverture d’un canal de négociation directe Maroc-Algérie sous médiation américaine.
Phase 2 : une coopération régionale pilotée par l’Union européenne autour de trois axes : énergie, lutte antiterroriste au Sahel et gestion des flux migratoires. L’objectif : transformer un conflit vieux de cinquante ans en moteur de stabilité régionale.
Une lueur d’espoir pour le Maghreb
À la lumière de cette nouvelle configuration, il est permis d’espérer une inflexion historique. Le Maroc, fort de sa légitimité internationale et de son modèle de développement africain, a aujourd’hui les cartes en main. L’Algérie, malgré sa réticence, pourrait être amenée à reconsidérer son isolement face à une recomposition géopolitique mondiale. L’avenir des relations maroco-algériennes dépendra de la capacité des deux régimes à dépasser leurs traumatismes et à comprendre que l’unité maghrébine est une opportunité, non une menace. Si la diplomatie l’emporte sur les dogmes, le Maghreb pourrait redevenir l’un des espaces les plus dynamiques et influents d’Afrique.










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