Les bulldozers ont repris du service à Nouaceur. Lundi 17 novembre, les autorités locales ont poursuivi la démolition de Ksar Diafa, surnommé le « Kremlin » ou « Palais de Bouskoura », imposant complexe privé devenu symbole des errements de l’urbanisme dans la périphérie casablancaise. Après une première intervention le 12 novembre, l’un des deux bâtiments a déjà été entièrement rasé, signe d’une volonté d’aller vite… parfois plus vite que le droit.
Officiellement, l’argument est clair : la construction s’élève sur un terrain à vocation agricole, où les établissements touristiques et salles de fêtes sont interdits. Le propriétaire n’aurait obtenu qu’une autorisation pour un projet à caractère agricole, avec activités équestres et hébergement rural, avant de faire glisser discrètement le chantier vers un véritable complexe hôtelier. Cette version, martelée par les autorités, renvoie à un schéma bien connu de « détournement » de destination du sol.
Mais la défense contre-attaque. L’avocat du propriétaire dénonce un « abus de pouvoir », affirme que tous les permis – initiaux et complémentaires – ont été délivrés en bonne et due forme en 2021, puis retirés en novembre 2023, après des investissements considérables. Il rappelle qu’un procès-verbal d’infraction a bien été dressé et transmis à la justice, mais que la démolition est intervenue alors que le dossier est toujours devant les tribunaux, sans attendre le verdict.
Au-delà du bras de fer, l’affaire met en lumière une gestion chaotique des autorisations, des contrôles tardifs et une opacité qui nourrit rumeurs et soupçons. Qu’il s’agisse d’un chantier réellement illégal ou d’un revirement politique, Ksar Diafa illustre surtout la fragilité de l’État de droit lorsque l’administration, le judiciaire et l’investisseur avancent chacun sur des lignes parallèles.










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