Au moins 32 mineurs artisanaux ont trouvé la mort, samedi, dans l’effondrement d’un pont artisanal au sein du site minier de Kalando, dans la carrière de Mulondo, près de Kolwezi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). Le drame, survenu après plusieurs jours de pluies torrentielles, met une nouvelle fois en lumière la précarité extrême, l’insécurité permanente et l’économie parallèle qui régissent l’exploitation minière artisanale dans ce pays qui fournit plus de 70 % du cobalt mondial.
Selon les premières déclarations des autorités provinciales, l’accès au site avait été formellement interdit en raison du risque élevé d’éboulement. Pourtant, des centaines de creuseurs clandestins ont forcé le passage pour atteindre les zones riches en minerai. « La traversée précipitée des creuseurs a conduit à l’effondrement d’un pont artisanal construit pour franchir une tranchée inondée », a expliqué Roy Kaumba Mayonde, ministre provincial de l’Intérieur. Les opérations de recherche se poursuivaient encore lundi, alors que les secouristes tentaient d’extraire les corps piégés sous les amas de terre.
Un rapport de la Saemape, organisme public chargé d’encadrer l’exploitation artisanale, évoque un mouvement de panique provoqué par la présence de militaires sur le site. Dans la bousculade, plusieurs dizaines de mineurs se seraient entassés dans la tranchée, aggravant le bilan déjà lourd. Des images obtenues par la Commission nationale des droits de l’homme montrent des corps alignés à même le sol, rappelant l’ampleur de la catastrophe.
Cette tragédie n’est que l’illustration d’un système minier à deux vitesses. D’un côté, des multinationales exploitent des mines industrielles géantes ; de l’autre, plus de 200.000 creuseurs travaillent dans l’ombre, dans des galeries instables, sans protection, et au mépris des règles de sécurité. Le cobalt, métal indispensable aux batteries des smartphones et véhicules électriques, se paie encore trop souvent au prix de vies humaines fauchées dans l’indifférence internationale.
L’accident de Mulondo relance le débat sur la responsabilité de l’État congolais, l’implication des forces de l’ordre dans la gestion chaotique des sites artisanaux, mais aussi sur la responsabilité morale des industries mondiales qui profitent d’une main-d’œuvre vulnérable. Les ONG rappellent que tant que la traçabilité du cobalt ne sera pas pleinement garantie, les promesses d’une transition énergétique « propre » resteront teintées du sang des creuseurs.










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