L’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) s’apprête à franchir un cap décisif. À l’heure où la lutte anticorruption nécessite des outils plus rapides, plus précis et plus indépendants, l’Instance veut faire de l’intelligence artificielle son nouveau bras armé. Conflits d’intérêts, déclarations de patrimoine, marchés publics : plus aucun domaine ne devrait lui échapper d’ici 2026. L’IA deviendra un réflexe institutionnel, un système d’alerte permanent et un outil de détection immédiate du risque.
Mercredi 5 novembre 2025, devant la Commission des finances à la Chambre des représentants, le secrétaire général de l’INPPLC, Ahmed Laamoumri, a levé le voile sur une stratégie quinquennale d’une ampleur inédite. Au programme : une plateforme numérique sécurisée pour dénoncer les actes de corruption, l’entrée en fonction du corps des enquêteurs dès la publication du règlement intérieur, un renforcement territorial et une montée en puissance opérationnelle. Pour 2026, l’Instance bénéficie d’un budget de 155,178 millions de dirhams et de 35 nouveaux postes, preuve d’une volonté d’accélération.
Depuis plusieurs années, l’IA figure parmi les leviers stratégiques identifiés dans la Stratégie nationale de lutte contre la corruption (2015-2025). L’INPPLC veut désormais passer de l’intention à l’action. L’objectif : être capable d’exploiter, croiser et analyser massivement les données administratives et financières pour automatiser l’examen des déclarations de patrimoine, détecter les conflits d’intérêts en amont, repérer les anomalies dans les autorisations et les actes de gestion, ou encore identifier les signaux faibles dans les marchés publics.
Pour l’heure, la maturité interne en matière de science des données reste limitée. L’institution l’admet : elle doit apprendre, se structurer et acquérir les bons outils. Le projet prévoit ainsi un transfert de compétences, la formation des cadres, le prototypage de cas d’usage concrets et l’accompagnement jusqu’au déploiement opérationnel de solutions IA sur mesure.
D’ici fin 2026, l’INPPLC ambitionne de disposer d’une cellule interne d’excellence en intelligence artificielle, entièrement autonome, capable de développer et de maintenir des outils performants. Une véritable révolution administrative qui pourrait faire du Maroc un exemple régional en matière de gouvernance numérique et de lutte anticorruption.










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