La Jamaïque a perdu l’une de ses plus belles voix. Le monde, l’un de ses plus grands poètes de l’âme. Jimmy Cliff, né James Chambers, s’est éteint à 81 ans des suites d’une pneumonie, laissant derrière lui une constellation de chansons qui continuent, encore et toujours, de traverser les rivières du temps.
Sa famille a annoncé la nouvelle sur Instagram dans un message chargé d’amour et de pudeur : « Jimmy, mon chéri, repose en paix… » Sa femme Latifa y rappelle que le soutien de ses fans a été la force lumineuse qui a guidé toute sa carrière.
Jimmy Cliff n’était pas seulement une légende du reggae ; il était l’autre visage de la Jamaïque, celui qui vibrait à la croisée des genres, qui osait marier le ska, la soul, le punk, la folk ou le funk sans jamais trahir la profondeur de son île. Il fut le premier artiste reggae à signer chez Island Records, l’un des pionniers qui ouvrirent la voie, bien avant que Bob Marley ne devienne ce Dieu solaire du reggae.
On se souvient de lui pour « Many Rivers to Cross », prière universelle, chant intime de résilience. Pour « The Harder They Come », cri de liberté devenu l’hymne d’une génération. Pour « Reggae Night », célébration contagieuse qui a illuminé les continents. Il séduisit Hollywood, inspira les cinéastes, participa à la bande originale de « Rasta Rocket » et incarna avec éclat la jeunesse jamaïcaine dans le film culte The Harder They Come.
Né en 1944 dans une famille modeste, Cliff a grandi avec cette conviction que la musique devait dire le monde, dénoncer les injustices, secouer les consciences. En 2012, il confiait s’être inspiré aussi bien des émeutes de Londres que du Printemps arabe, preuve d’un artiste profondément sensible au souffle politique des peuples.
Au fil des décennies, il a collaboré avec les plus grands : The Clash, Kool & The Gang, Annie Lennox, Sting, Bernard Lavilliers… Sans jamais renier cette énergie à la fois tendre et rebelle qui faisait de lui un artiste unique, parfois incompris, souvent classé hors des codes du reggae rasta — car Jimmy Cliff était libre, simplement libre.
Le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness a déclaré que la nation entière « marquait une pause » pour saluer « un géant culturel ».
Un géant, oui. Un homme dont la musique a accompagné les joies et les douleurs, les combats et les espoirs.
Marche bien, Jimmy Cliff.
Ton héritage continue de vibrer dans chaque recoin de la Jamaïque, et dans le cœur de millions d’âmes que ta voix a guidées, consolées ou rendues plus vivantes.










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