L’Espagne vient de franchir une étape décisive dans l’un des projets d’ingénierie les plus ambitieux du XXIᵉ siècle : le tunnel sous-marin reliant l’Europe au continent africain à travers le détroit de Gibraltar. Madrid a officiellement mandaté l’Institut d’ingénierie et d’économie des transports (Ineco) pour élaborer la conception détaillée du futur tunnel, relançant ainsi un dossier resté en sommeil pendant plusieurs décennies.
Cette commande, passée par la Société espagnole d’études sur les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa) et dotée d’un budget de près d’un million d’euros, constitue la première mise à jour complète des études depuis cinquante ans. L’avant-projet attendu pour l’été 2026 devra redéfinir le tracé, moderniser les systèmes de sécurité et intégrer les normes européennes les plus strictes, notamment en matière de ventilation et de gestion des risques.
Le tunnel envisagé s’étendrait sur 42 kilomètres, dont 28 kilomètres sous la mer entre Cadix et la zone de Malabata à Tanger, avec un passage sous le point le plus profond du seuil du détroit, atteignant près de 475 mètres. Conçu pour accueillir des trains à grande vitesse et du fret, il comprendrait également un conduit central dédié à la maintenance et aux interventions d’urgence.
Avant le forage principal, un tunnel exploratoire devra être percé côté espagnol. Cette phase critique, qui permettra d’analyser la composition exacte des roches et des couches sédimentaires, pourrait durer jusqu’à neuf ans. Les appels d’offres pour cette étape exploratoire sont attendus en 2027, pour un début des travaux potentiels autour de 2030, sous réserve d’une décision politique conjointe entre Rabat et Madrid d’ici 2027.
Les derniers rapports techniques, notamment ceux de la société allemande Herrenknecht, confirment que le projet est désormais réalisable avec les technologies actuelles, malgré des défis géologiques extrêmes.
Au-delà de sa dimension technologique, le tunnel du détroit représente une avancée stratégique majeure pour les deux rives. Pour le Maroc, il renforcerait son rôle de hub logistique africain et dynamiserait ses échanges commerciaux avec l’Europe. Pour l’Espagne, il ouvrirait une nouvelle porte d’accès vers les marchés africains en pleine expansion. Ensemble, les deux pays poseraient les bases d’un corridor économique inédit, capable de transformer durablement la mobilité, l’investissement et la coopération euro-maghrébine.










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