Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, renversé mercredi par un coup d’État militaire, a trouvé refuge au Sénégal, où il est arrivé « sain et sauf » à bord d’un avion affrété par les autorités sénégalaises, a annoncé Dakar dans un communiqué officiel. Cette fuite marque un nouveau tournant dans la grave crise politique qui secoue la Guinée-Bissau depuis les élections générales du 23 novembre.
La veille, des militaires avaient annoncé à la télévision nationale avoir pris le « contrôle total du pays », suspendu le processus électoral et interrompu la publication des résultats de la présidentielle et des législatives. Ils ont ensuite nommé un général à la tête d’un « haut commandement » chargé de diriger une transition annoncée pour une durée d’un an, actant de facto la mise à l’écart des institutions élues.
Umaro Sissoco Embaló, élu en 2020 et candidat à un second mandat, avait d’abord été donné pour détenu par les putschistes avant que ne soit confirmée son évacuation vers le Sénégal. Ce nouveau coup de force s’inscrit dans une longue série de renversements militaires dans ce pays ouest-africain marqué par une instabilité chronique et régulièrement décrit comme un maillon du « couloir des coups d’État » en Afrique de l’Ouest.
Sur le plan politique interne, le climat est explosif. L’opposant Fernando Dias, qui affirme avoir remporté le scrutin du 23 novembre, accuse le président déchu d’avoir lui-même « organisé » le coup de force afin de bloquer l’annonce des résultats et d’éviter une défaite dans les urnes. Il assure se trouver toujours « en sécurité » dans le pays, mais dit vivre caché.
Le principal opposant historique, Domingos Simões Pereira, écarté de la présidentielle et rallié à Fernando Dias, a, lui, été arrêté mercredi après-midi, peu après l’annonce de la prise de pouvoir par les militaires. Plusieurs autres responsables politiques seraient également détenus, dans un contexte de flou total sur le sort exact de certains candidats et observateurs électoraux.
Au-delà de la bataille de narratifs entre camp présidentiel, opposition et putschistes, la Guinée-Bissau replonge dans l’inconnu. La communauté internationale, déjà préoccupée par la multiplication des coups d’État dans la région, appelle à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais, pour l’heure, le pays reste sous la coupe des militaires, tandis que son président déchu entame, depuis Dakar, une nouvelle séquence politique en exil.
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