L’ambiance était particulièrement électrique, ce dimanche, dans la grande salle du Palais des Congrès de Marrakech, lors de la projection très attendue du film de la réalisatrice franco-marocaine Myriam Benbarek. Un rendez-vous qui s’est finalement transformé en véritable moment de malaise, le film ayant été copieusement sifflé par une partie du public, choqué par plusieurs scènes jugées comme frôlant nettement la pornographie, et que la réalisatrice a tenu à maintenir longuement à l’écran pour faire passer son message.
L’assistance, composée en grande partie de familles, a très mal réagi face aux images projetées, dans un brouhaha mêlant indignation et appels à la censure, allant jusqu’à réclamer la suspension du film Derrière les Palmiers, censé représenter le cinéma marocain dans la compétition officielle du Festival International du Film de Marrakech. La controverse est d’autant plus forte que l’œuvre a bénéficié du soutien du Centre Cinématographique Marocain (CCM), aujourd’hui accusé de laxisme.
En effet, une subvention avoisinant les 4 millions de dirhams aurait été accordée à la production sans véritable regard approfondi sur le contenu, ni avant le tournage ni après sa finalisation, et sans qu’aucune mesure corrective ne soit prise face à la polémique.
Avec cet accueil glacial et cette vague de mécontentement, le film s’est de facto disqualifié de la compétition, entraînant dans sa chute non seulement le CCM, mais aussi la commission de sélection du FIFM, et plus largement l’image même du Festival, désormais éclaboussée par une affaire relayée abondamment dans la presse nationale et internationale.
Il s’agit là de la première fausse note d’une édition qui avait pourtant bien démarré vendredi soir, et qui s’est poursuivie sous de meilleurs auspices ce même dimanche avec la présence lumineuse de l’actrice américaine Jodie Foster, venue réaffirmer son amour pour le Maroc et sa fierté d’y recevoir une distinction d’honneur.
Quant à Derrière les Palmiers, œuvre d’un niveau artistique jugé très moyen, l’épisode laisse croire que les organisateurs ont fait preuve d’une indulgence excessive, au détriment de projets de meilleure facture, qui auraient sans doute représenté le cinéma marocain avec davantage de dignité — sans millions de dirhams partis en fumée.
Par Jalil Nouri











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