Le Maroc s’apprête à engager, dans la Chaouia, l’une des reconfigurations hydriques et agricoles les plus ambitieuses de son histoire récente. Dès janvier, le ministère de l’Agriculture lancera une étude stratégique, d’un coût de 3,6 millions de dirhams, pour définir le schéma directeur de l’irrigation sur près de 250.000 hectares. Objectif : tirer parti des futurs apports issus de l’interconnexion des bassins et des stations de dessalement de Casablanca et Rabat, afin de sécuriser les grandes cultures, renforcer la souveraineté alimentaire et moderniser les systèmes de production.
Longtemps structurellement déficitaire, le bassin Bouregreg-Chaouia devrait basculer dans une nouvelle ère. Les projets d’interconnexion Nord-Sud et les capacités de dessalement devraient libérer près d’un milliard de m³ d’eau, orientés vers une irrigation de complément à grande échelle, en particulier pour les céréales et les cultures fourragères, au cœur de la stratégie « Génération Green ». L’étude couvrira trois grands ensembles – haute Chaouia (Settat-Ben Ahmed), Basse Chaouia-nappe de Berrechid et Basse Chaouia (El Gara-Nfifikh) – analysés selon des critères naturels, hydriques, socio-économiques et fonciers pour hiérarchiser les zones les plus porteuses.
Le ministère entend, à l’issue de ce travail, cristalliser trois projets prioritaires totalisant 80.000 hectares. Ils feront l’objet d’études de faisabilité technique et financière détaillées, accompagnées de dossiers calibrés pour les grands bailleurs internationaux (BERD, BAD, Banque mondiale, KfW). Un atlas cartographique des futurs aménagements sera également élaboré pour guider, sur le long terme, la programmation publique et sécuriser les investissements privés dans l’agro-industrie.
Dans une région considérée comme l’un des greniers historiques du pays mais durement touchée par les sécheresses, ce « big bang » hydro-agricole vise quatre priorités : stabiliser la production céréalière, généraliser l’irrigation sous pression, soulager les nappes surexploitées et augmenter la valeur ajoutée des cultures par des assolements mieux pensés. À terme, le bassin Bouregreg-Chaouia pourrait passer du statut de bassin déficitaire à celui de bassin excédentaire, repositionnant la Chaouia au cœur de la sécurité hydrique et alimentaire du Maroc.










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