Avant même d’avoir vu le film sur Oum Kalthoum qui vient d’être projeté au Festival international du Film de Marrakech, l’Égypte tout entière, alertée sur les réseaux sociaux, vient de condamner sans appel une tentative de dénaturation de sa diva.
Conçu comme un biopic, le film désapprouvé sur la carrière et la vie de cette sublime chanteuse disparue à la voix unique, qui a marqué l’histoire de la musique arabe, a vite fait l’unanimité contre ses producteurs pour avoir confié le rôle de l’icône égyptienne à l’actrice Mouna Zaki, qui visiblement n’est pas, elle, dans le cœur de ses compatriotes, lesquels la jugent indigne d’incarner un rôle aussi élevé, peu en adéquation avec son profil.
Outre le manque de présence sur scène de l’actrice, les critiques dirigées contre Mouna Zaki continuent de pleuvoir sans relâche depuis les premiers échos de la projection à Marrakech, portant sur la réalisation, l’image et surtout le son, ainsi que sur l’irrespect de certains aspects historiques de la vie de cette chanteuse élevée au rang d’héroïne nationale et considérée comme l’un des trésors les plus prestigieux du patrimoine sacré égyptien, auquel il est dangereux de toucher.
La déception est telle au niveau national que son interdiction est réclamée avec insistance et que, dans le cas contraire, ce sont les salles de cinéma elles-mêmes qui pourraient en payer le prix, à travers manifestations et autres actions de protestation.
L’affaire est prise très au sérieux et pourrait conduire les producteurs à renoncer à projeter le film en Égypte, comme ils l’ont indiqué devant les journalistes à Marrakech.
Après le film très osé « Derrière les palmes » de la Franco-marocaine Rym Benbarek, le biopic « Sitt » consacré à Oum Kalthoum n’est pas davantage épargné par l’opinion publique, à des milliers de kilomètres de là, bien avant sa sortie officielle diffusée à la vitesse grand V.
Les conséquences de ce qui est déjà qualifié de sacrilège envers Oum Kalthoum ne font que commencer après cette première projection au FIFM. Le film ne pouvait pas entamer son parcours — voué peut-être à l’arrêt — de manière aussi brutale, aussi mal engagée et aussi impopulaire.
Par Jalil Nouri










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