Un simple prélèvement au bout du doigt pourrait-il, demain, prédire notre risque de développer un cancer, une démence ou une maladie cardiaque plusieurs années à l’avance ? C’est la promesse d’un nouveau test sanguin issu d’une vaste étude de la UK Biobank, l’une des plus grandes bases de données sanitaires au monde. En analysant des centaines de milliers d’échantillons, des chercheurs, dont le professeur Bart Ghesquière (KU Leuven), estiment qu’il sera bientôt possible d’anticiper certaines pathologies… jusqu’à dix ans avant les premiers symptômes.
Le principe repose sur la métabolomique, l’étude fine des molécules circulant dans le sang. Près de 250 substances différentes ont été mesurées chez un demi-million de volontaires sur plusieurs continents. Chaque organe échange en permanence nutriments et déchets avec la circulation sanguine. Lorsque l’un d’eux commence à dysfonctionner – foie, cœur, cerveau… – sa « signature biochimique » change subtilement. Le test vise précisément à détecter ces variations très en amont, en identifiant des biomarqueurs spécifiques à chaque maladie.
Techniquement, l’examen s’inspire du test de Guthrie réalisé chez les nouveau-nés : une piqûre, quelques gouttes de sang sur papier buvard, puis une analyse en laboratoire. À terme, il pourrait être réalisé à domicile, l’échantillon étant envoyé pour interprétation. L’enjeu est majeur : déplacer le centre de gravité de la médecine vers la prévention, en incitant, par exemple dès 40 ans, à modifier son mode de vie ou à débuter un traitement précoce lorsqu’un risque avéré de diabète, de maladie cardiaque ou d’Alzheimer est détecté.
Mais de nombreuses questions demeurent : fiabilité statistique, coût, prise en charge par les systèmes de santé, sans oublier l’aspect éthique – tout le monde souhaite-t-il vraiment savoir à 30 ans qu’il est susceptible de développer une pathologie grave deux décennies plus tard ? Les chercheurs avancent prudemment : il faudra encore sept à dix ans de travaux pour valider les biomarqueurs, affiner les probabilités de risque et, peut-être, transformer cette promesse scientifique en outil clinique de routine.










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