Le Maroc s’apprête à vivre une saison hivernale exceptionnelle. Vacances scolaires, fêtes de fin d’année et organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 devraient porter le pays vers le seuil symbolique de 20 millions de touristes. Une grande partie de ces arrivées attendues fin 2025 et début 2026 se concentrera sur les six villes hôtes de la CAN, déjà parmi les pôles touristiques les plus attractifs du Royaume.
Mais derrière ces perspectives prometteuses, un vieux fléau continue de ternir l’image de la destination : celui des faux guides. Dans les médinas, près des gares, autour des monuments historiques, ces rabatteurs non agréés se multiplient. Ils abordent les visiteurs dès leur arrivée, les harcèlent, imposent leurs services, les entraînent vers des commerces complices puis exigent des commissions abusives.
Les témoignages de touristes sont nombreux : pression permanente, agressivité verbale, sentiment d’insécurité. Dans certains cas, les comportements dérapent jusqu’au racket et à des formes de harcèlement à connotation sexuelle, transformant un séjour de rêve en expérience traumatisante, avec plaintes déposées auprès de la police ou recours aux tribunaux.
Au-delà du préjudice pour les voyageurs, ce phénomène porte un coup direct aux professionnels légaux du secteur. Les guides officiels diplômés, les agences de voyages, les transporteurs touristiques et les artisans travaillant dans les circuits encadrés voient leur activité fragilisée par une concurrence déloyale, qui échappe à toute réglementation, à toute fiscalité et à tout standard de qualité.
Les autorités mènent régulièrement des opérations de contrôle et d’interpellation, mais la dimension sociale du problème – chômage, précarité, économie informelle – montre que la réponse ne peut être uniquement répressive. Des solutions structurelles s’imposent : renforcer la formation et l’intégration de jeunes vers des métiers touristiques encadrés, mettre en place des applications et plateformes officielles permettant d’identifier et réserver des guides agréés, informer systématiquement les visiteurs dans les aéroports, hôtels et sites patrimoniaux pour distinguer les véritables professionnels des rabatteurs illégaux.
Car ce mal profond, cette plaie ouverte, risque d’obérer les réussites d’un secteur en plein essor, qui vise à faire du Maroc l’une des toutes premières destinations mondiales. Protéger le touriste contre les faux guides, c’est protéger l’image du pays, l’avenir de son tourisme et la crédibilité de sa candidature à l’organisation de grands événements planétaires.
Par Salma Semmar
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