Je vous écris avec la fatigue d’un citoyen qui aime profondément son pays, mais qui n’arrive plus à comprendre comment, année après année, les mêmes dérives s’installent, se banalisent… puis finissent par tuer.
Dans trop de communes et d’administrations, l’argent public n’est plus perçu comme un dépôt sacré, mais comme une proie. Les marchés publics et les bons de commande se distribuent parfois comme des invitations familiales : cousins, amis, proches, réseaux, toujours les mêmes noms, les mêmes circuits, la même opacité. Et quand la corruption devient un réflexe, la misère devient une règle. On demande au citoyen de serrer la ceinture, pendant que certains serrent les rangs, se couvrent, s’arrangent.
Le résultat, nous le voyons dans nos rues et nos quartiers : des chantiers bâclés, des infrastructures “finies” sur le papier mais fragiles sur le terrain, des travaux qui se fissurent à peine livrés. Des immeubles et des constructions qui s’effondrent, emportant des vies, comme si la négligence était une fatalité. On pleure, on enterre, on promet des enquêtes… puis on passe à autre chose, jusqu’au prochain drame.
Et voici les pluies, les crues, les villes submergées. Safi a payé un prix insoutenable, et d’autres localités ont connu la même angoisse : eaux boueuses, routes coupées, commerces détruits, familles traumatisées. Comment ne pas poser la question qui dérange : où étaient la prévention, l’entretien, les plans d’évacuation, les réseaux d’assainissement, la gestion sérieuse du risque ? Les citoyens n’attendent pas des discours après la catastrophe, mais des décisions avant qu’elle n’arrive.
Je pourrais encore parler des lenteurs administratives, de l’injustice sociale, du sentiment d’abandon dans certains territoires, de la santé et de l’école qu’on “répare” à coups de rustines, pendant que les privilèges circulent à grande vitesse. Mais je veux aussi dire ceci : malgré tout, le Maroc tient. Il tient grâce à ses femmes et ses hommes honnêtes, grâce à ceux qui travaillent, qui paient, qui espèrent.
Et il tient parfois grâce à un autre souffle : le football. Ces derniers mois, il a été l’une des rares joies collectives capables de détendre le pays, de rassembler, de faire oublier — ne serait-ce qu’un soir — les factures, les injustices et les colères. La CAN organisée au Maroc peut offrir cette parenthèse, ce moment d’unité et de fierté.
Mais une parenthèse ne doit pas devenir un écran. Après la fête, il faudra revenir au réel : protéger l’argent public, punir les tricheurs, prévenir les drames, respecter la vie des citoyens. Le plus beau pays du monde mérite mieux que la résignation. Il mérite la vérité, la responsabilité et la dignité.
Un lecteur fidèle d’Actu-Maroc.



Contactez Nous
Excellente lettre de doléances et j’y adhère !
Bien parlé mais malheureusement nous savons tous que ce n’est que des paroles et après les avoir lus ont tourne la page et ont se dit in cha Allah un jour ça va changer…..