La production de miel au Maroc a été impactée par des conditions climatiques difficiles en 2022, entraînant une baisse de 10% par rapport à l’année précédente. La sécheresse a été l’un des principaux facteurs de cette baisse, ayant provoqué le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles et leur disparition dans toutes les régions du pays. Malgré les efforts du Plan Maroc Vert pour augmenter le nombre d’apiculteurs, qui a atteint 36 000 en 2022, et celui des ruches, qui s’élève à 900 000, la production nationale est passée de 7 260 à 6 534 tonnes.
Au début de l’année 2022, de nombreux apiculteurs ont constaté une désertion des abeilles en raison du manque de pollen, nécessaire à leur alimentation, en raison du manque de précipitations. Cette phénomène a été examiné par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), qui a enquêté en collaboration avec des représentants de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture. Les services vétérinaires ont conclu que les abeilles ont disparu de près de 36% des ruches dans les différentes régions et provinces du Royaume.
Outre la sécheresse, la disparition des abeilles n’est pas uniquement liée au dérèglement climatique, mais également à la varroase, un acarien parasite qui s’accroche à l’insecte et détruit les ruches, et à l’utilisation abusive et irrationnelle des pesticides, qui menacent souvent l’immunité de la butineuse.
Ces événements successifs ont donc contribué à la tendance baissière de la production de miel au Maroc, qui ne semble pas près de s’arrêter, sachant que le mois sacré, où les Marocains utilisent le plus cette ressource, approche à grands pas.
Aujourd’hui, des organisations professionnelles opérant dans le domaine de l’apiculture dans les régions montagneuses de Drâa-Tafilalet se sont plaintes des fortes fluctuations climatiques, notamment des chutes de neige abondantes, ayant endommagé les ruches des coopératives féminines locales et des apiculteurs. Les coopératives féminines de Ouarzazate ont subi de lourdes pertes financières en raison de ces conditions climatiques difficiles. Des acteurs ont ainsi appelé les départements ministériels concernés à intervenir afin de soutenir financièrement ces apiculteurs pour surmonter les défis imposés ainsi que les répercussions de ce changement climatique.
Il est important de noter que les coopératives apicoles locales constituent une source de revenus de base pour des dizaines de femmes dans les zones montagneuses de Ouarzazate. Cependant, ces conditions climatiques difficiles ont négativement affecté l’activité professionnelle de ces coopératives, qui ont été obligées d’arrêter tout travail. Face à ces défis, il est nécessaire que des mesures concrètes soient prises pour soutenir les apiculteurs et préserver cette filière importante pour l’économie marocaine.
Selon Abdelhamid Ferras, président d’une association d’apiculteur au Sud du Maroc: « En tant qu’apiculteur, je suis profondément déçu de constater la baisse significative de notre production cette année. Les apiculteurs au Maroc sont confrontés à une catastrophe économique en raison des conditions climatiques difficiles en 2022. La sécheresse a provoqué la disparition des colonies d’abeilles, aggravée par la varroase et l’utilisation abusive de pesticides. Le recours croissant aux produits chimiques dans l’agriculture comme les fongicides, les herbicides et les insecticides affecte considérablement les abeilles. Ces produits utilisés ensemble peuvent s’avérer 1000 fois plus toxiques pour les abeilles en affectant leur sens de l’orientation, leur mémoire et le métabolisme de leur cerveau. Ils affaiblissent également leur système immunitaire. Cette situation compromet non seulement notre activité professionnelle mais aussi la biodiversité de notre pays. J’espère que les autorités compétentes prendront des mesures pour soutenir les apiculteurs face à ces défis et préserver cette activité professionnelle essentielle pour notre pays. »