La sévérité de la justice algérienne dans la lutte contre la spéculation sur les produits de première nécessité soulève de plus en plus d’interrogations. À Oran, un commerçant vient d’en faire l’amère expérience. La cour des délits d’El Othmania a prononcé, ce mardi, une condamnation lourde de 12 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 300.000 dinars (22.000 dirhams), à l’encontre d’un commerçant poursuivi pour spéculation illégale sur l’huile de table.
Les faits remontent au 18 décembre 2025, lorsqu’une brigade mixte regroupant la police judiciaire et les services de la direction du commerce a mené une opération de contrôle dans la wilaya d’Oran. Sur place, les agents découvrent 2.934 litres d’huile, stockés dans une annexe attenante à un local commercial. Selon les autorités, cette quantité était destinée à être soustraite au circuit normal de distribution afin de provoquer une pénurie artificielle et d’influencer les prix sur le marché.
Présenté devant le procureur de la République le 23 décembre, le mis en cause a été poursuivi en comparution immédiate, avant d’être condamné à une peine maximale. Le tribunal a également ordonné la confiscation de la marchandise et la publication du jugement dans un journal national, une mesure à forte portée symbolique et dissuasive.
Mais au-delà du message officiel, la décision interroge. Moins de 3.000 litres d’huile, une quantité pas excessive pour un super-marché, justifie-t-elle une peine équivalente à celles infligées pour des crimes majeurs ? Pour certains observateurs, la sanction paraît disproportionnée au regard des faits, assimilant un stockage commercial — aussi répréhensible soit-il — à une menace grave pour la sécurité économique du pays.
Cette affaire met en lumière une politique pénale fondée sur la fermeté absolue, dans un contexte de tensions sur les produits de base et de lutte affichée contre la spéculation. Reste toutefois une question centrale : la dissuasion par des peines extrêmement lourdes est-elle la seule réponse possible, ou risque-t-elle d’alimenter un sentiment d’injustice au sein d’un tissu commercial déjà fragilisé ?










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