Le cours de l’argent a franchi vendredi la barre symbolique des 75 dollars l’once, établissant un record historique dans un mouvement sans précédent qui touche l’ensemble des métaux précieux et industriels en cette fin d’année. Cette envolée spectaculaire s’inscrit dans un contexte marqué par l’intensification des tensions économiques et politiques à l’échelle internationale.
L’once d’argent, équivalant à 31,1 grammes, a atteint précisément 75,1515 dollars, pendant que l’or établissait lui aussi un nouveau sommet à 4531,04 dollars l’once, pulvérisant tous les précédents records enregistrés sur les marchés financiers. Ces niveaux inédits témoignent d’un appétit croissant des investisseurs pour les valeurs refuges traditionnelles face aux incertitudes mondiales.
Depuis le début du mois de janvier, le prix de l’or a progressé d’environ 70%, une hausse considérable qui témoigne de la nervosité ambiante sur les marchés. L’argent affiche une performance encore plus impressionnante avec un bond supérieur à 150%, constituant la meilleure année pour ces deux métaux depuis 1979, une époque également marquée par de fortes turbulences économiques et géopolitiques.
Cette ascension fulgurante trouve ses racines dans l’escalade des tensions entre les États-Unis et le Venezuela. Le déploiement de forces militaires américaines dans la région des Caraïbes et l’instauration d’un blocus naval contre Caracas, que Washington accuse de financer ce qu’elle qualifie de terrorisme lié au trafic de drogue, ont alimenté les craintes d’une déstabilisation régionale prolongée.
Le dollar américain traverse parallèlement une période difficile, perdant progressivement son statut de valeur refuge incontestée. Les obligations du Trésor américain, traditionnellement considérées comme des placements sûrs, suscitent également moins d’enthousiasme auprès des investisseurs internationaux, créant ainsi un vide que les métaux précieux s’empressent de combler.
L’incertitude entourant les orientations de l’administration du président Donald Trump contribue à amplifier ces mouvements de capitaux. Les anticipations d’une éventuelle baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale renforcent cette tendance, sachant qu’une diminution du loyer de l’argent réduit mécaniquement l’attrait du dollar pour les détenteurs de capitaux étrangers.
Les marchés manifestent également une inquiétude grandissante face à l’accumulation vertigineuse de la dette publique dans les principales économies développées. Certains analystes évoquent par ailleurs les risques liés à ce qu’ils appellent la bulle de l’intelligence artificielle, un secteur qui a attiré des investissements colossaux dont la rentabilité future reste incertaine. Ces préoccupations multiples poussent un nombre croissant d’investisseurs à privilégier la protection de leur patrimoine via l’acquisition de métaux précieux.
L’ensemble de ces facteurs conjugués propulse l’or et l’argent vers des sommets historiques, les marchés cherchant désespérément des actifs offrant davantage de stabilité face à des perturbations qui s’annoncent durables. Cette ruée vers les métaux précieux illustre la défiance croissante envers les instruments financiers traditionnels et marque un tournant significatif dans les stratégies d’investissement mondiales.
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