Emmanuel Macron a annoncé lundi un plan d’apaisement et d’action de 100 jours visant à calmer la colère suscitée par la réforme des retraites. Dans une allocution télévisée, le président français a fixé la date du 14 juillet pour présenter un premier bilan des mesures prises, et a chargé sa Première ministre Elisabeth Borne de dévoiler la feuille de route dès la semaine prochaine.
Parmi les priorités évoquées, Macron a promis des annonces significatives en mai pour lutter contre la délinquance, les fraudes sociales et fiscales, et renforcer le contrôle de l’immigration illégale. Il a également exprimé sa volonté de construire un « nouveau pacte de la vie au travail » dans les semaines à venir, à travers un dialogue social avec les syndicats et les organisations patronales. Les négociations porteront sur l’amélioration des salaires, la progression des carrières, le partage des richesses, l’amélioration des conditions de travail, les solutions à l’usure professionnelle et l’aide à la reconversion.
Le président a également promis de désengorger les services d’urgence d’ici fin 2024. Sur la réforme des retraites, il a reconnu que le consensus n’avait pas été trouvé malgré des mois de concertation, mais a estimé que la réforme était nécessaire et que la réponse ne pouvait être l’immobilisme ou l’extrémisme
Les syndicats ont refusé l’invitation de l’Élysée pour des négociations dès mardi, et l’allocution de Macron a été critiquée par des membres de l’opposition et des syndicats. Des manifestations et des concerts de casseroles ont eu lieu dans plusieurs villes françaises, montrant la détermination des manifestants à ne pas écouter le président et à exprimer leur mécontentement face à la réforme des retraites.
L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron lundi soir a été accueillie par des concerts de casseroles de manifestants déterminés à montrer qu’ils ne souhaitaient pas l’écouter, estimant ne pas avoir été entendus sur la réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Paris, plusieurs rassemblements étaient programmés et les manifestants ont commencé peu avant 20H00 à faire du bruit en tapant sur des casseroles ou des poêles à l’aide de cuillers ou d’autres ustensiles.
Plusieurs centaines de personnes se sont notamment réunies devant la mairie du 10e arrondissement, a constaté un journaliste de l’AFP. “En réponse au fait qu’il ne nous écoute pas, on fait du bruit”, a simplement résumé Adrien Bodin, 26 ans, autoentrepreneur dans le secteur culturel.
“A 20H00 Macron va oser nous parler alors qu’il ne nous écoute pas depuis trois mois, c’est pour montrer que ça ne sert à rien de l’écouter”, a expliqué de son côté, peu avant l’allocution, Bénédicte Gelgehier, 57 ans, projectionniste aux Lilas qui a participé à 11 journées de mobilisation sur 12 contre la réforme des retraites. “On est très décidés à ne pas s’arrêter là”.
Ce rassemblement a ensuite laissé place à trois manifestations sauvages dans Paris, comptant au total quelque 2.000 manifestants, a indiqué la préfecture. Des feux de poubelles ont émaillé leur parcours, a constaté l’AFP.
Plusieurs autres “casserolades” ont eu lieu dans Paris, où des concerts de ces ustensiles ont également eu lieu aux fenêtres, notamment dans le 19e arrondissement, et partout en France.
A Rennes, environ un millier de personnes étaient rassemblées devant l’Hôtel de Ville, où un important dispositif policier était en place, pour donner un concert assourdissant de casseroles et de bruits métalliques en tous genres, a constaté un journaliste de l’AFP. Et la fin de l’allocution présidentielle n’a pas mis fin au vacarme.
“C’est sympa comme rassemblement, on exprime notre mécontentement contre ce gouvernement. Tout ça dénote d’un ras le bol général”, a déclaré à l’AFP Gérald, enseignant de 57 ans qui a refusé de divulguer son nom, en agitant son tambourin.
“C’est plutôt convivial”, a commenté Jeanne 28 ans, agricultrice, en tapant sur sa gourde avec sa clé. “J’ai fait des manifs mais c’est ma première avec une gourde! Je n’ai pas du tout eu envie de l’écouter, je le trouve condescendant”, a-t-elle poursuivi à propos du président de la République. “J’écouterai demain ce qu’il a dit, sur France Inter. C’est bien la première fois que je fais une pareille manif, c’est assez parlant je trouve”.
A Lyon, entre 400 et 600 personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville, et plusieurs centaines en ont fait autant à Marseille sur le Vieux-Port avant de se diriger vers l’hôtel de ville, certains scandant “Macron démission”. Des habitants ont soutenu les manifestants en tapant sur des casseroles sur leur balcon.
L’ONG altermondialiste Attac, qui avait lancé un appel à de telles “casserolades” devant les mairies, avait recensé “plus de 300 rassemblements” en France.