Les équipes de l’Institut de Duve ont découvert que des molécules précédemment utilisées pour traiter l’hypertension pouvaient également aider le système immunitaire à mieux combattre les cellules cancéreuses, indique, mercredi dans un communiqué, l’institut de recherche biomédicale multidisciplinaire qui héberge plusieurs laboratoires de la faculté de médecine de l’UCLouvain et du Ludwig Institute for Cancer Research.
De recherches sont menées depuis quelques années par l’Institut de Duve et par l’Institut Ludwig. À terme, ces nouvelles données, qui ont fait l’objet d’une publication dans le magazine Nature, pourraient augmenter considérablement l’efficacité de l’immunothérapie pour combattre un plus grand nombre de cancers.
“L’’immunothérapie telle qu’actuellement pratiquée ne permet de combattre efficacement que 30 à 40% des cancers. Beaucoup de cancers résistent, en grande partie parce que leurs lymphocytes T ne sont pas assez réactifs”, explique le Pr. Van den Eynde. “Nous avons découvert que des médicaments utilisés jadis pour traiter l’hypertension pouvaient avoir un effet très intéressant pour lutter contre ces formes de cancers résistants à l’immunothérapie.”
Concrètement, ces molécules agissent sur les macrophages. Il s’agit d’un autre type de globules blancs, dont le rôle est d’engloutir et de digérer les débris issus des agents pathogènes, tels que les cellules cancéreuses, les microbes et les substances étrangères. En faisant leur travail, ces macrophages alertent aussi les lymphocytes T des anomalies qu’ils rencontrent. Ils jouent ainsi le rôle de sentinelles en donnant l’alerte et en déclenchant les réponses immunitaires.
“Cette nouvelle approche pourrait dès lors ‘doper’ le processus clinique d’immunothérapie, notamment pour ces nombreux cas de cancers pour lesquels l’efficacité de ce traitement est encore limitée”, estiment les chercheurs.
Ces résultats prometteurs incitent à poursuivre la recherche afin d’identifier de nouvelles molécules qui permettront à terme d’envisager des essais cliniques afin de valider des nouveaux traitements. “On pourrait imaginer d’utiliser les médicaments hypotenseurs existants”, indique le Pr Van den Eynde. “Mais ce serait assez risqué, en raison des effets non désirés et de la toxicité de ces médicaments aux doses nécessaires. Une autre approche est de développer de nouvelles molécules qui agiraient de la même manière sur les macrophages, mais n’auraient pas les effets toxiques non désirés. Nous sommes déjà bien avancés dans cette voie”, conclut-il.