Alors que l’Aïd Al-Adha approche à grands pas, de nombreuses fermes d’élevage de moutons au Maroc ont commencé à accueillir les clients désireux de perpétuer la tradition du sacrifice de moutons. Cependant, cette année, la hausse des prix menace de perturber cette pratique religieuse et culturelle. De nombreux citoyens marocains font face à un dilemme douloureux : contracter des dettes ou renoncer à cette tradition ancestrale.
Dans une ferme située à proximité de Berrechid, seuls les moutons de races Sardi et Bergui, très appréciés par les Marocains, sont proposés à la vente. Le prix de ces animaux est fixé au kilogramme, avec des tarifs variant de 65 dirhams pour le Bergui à 70 dirhams pour le Sardi. En dépit de l’augmentation générale des coûts, le responsable de la ferme estime que ces tarifs sont justifiés, principalement en raison de l’augmentation du prix du fourrage, qui représente une dépense quotidienne de 10 à 12 dirhams par mouton.
Cependant, cette hausse des prix pèse lourdement sur les acheteurs. Le mouton le moins cher coûte pas moins de 3.000 dirhams. Ces tarifs prohibitifs ont conduit de nombreux citoyens à reconsidérer leur achat cette année, une situation inédite qui reflète les difficultés économiques croissantes. Certains ont même recours à des prêts pour pouvoir respecter cette tradition, s’endettant encore davantage.
Cette année, la célébration de l’Aïd Al-Adha est donc entachée par les contraintes économiques. De nombreux Marocains sont contraints de faire des sacrifices financiers pour perpétuer cette tradition importante, tandis que d’autres sont obligés de renoncer à l’achat d’un mouton, symbole de cette célébration.
En parallèle à ces problématiques, une autre tendance se dessine au sein de la société marocaine. Une catégorie aisée de la population choisit de contourner ces contraintes en optant pour un mode de célébration alternatif. Plutôt que de s’impliquer dans l’achat et le sacrifice du mouton, ces individus privilégiés préfèrent voyager et profiter des luxueux services offerts par les hôtels. En échappant à la fatigue et aux contraintes associées à la tradition du sacrifice, ils choisissent de célébrer l’Aïd dans le confort et l’opulence. Cette fraction privilégiée de la société fait le choix de savourer la vie, percevant dans le voyage une alternative attrayante à la célébration traditionnelle de l’Aïd.
L’approche de l’Aïd Al-Adha met ainsi en lumière une dichotomie croissante dans la société marocaine, avec d’un côté ceux qui peinent à perpétuer une tradition coûteuse et de l’autre ceux qui ont les moyens de se distancier de ces contraintes, préférant profiter des plaisirs du voyage et du luxe hôtelier.