Le président français a pris la décision de raccourcir sa participation au sommet européen à Bruxelles afin de rentrer à l’Élysée et de diriger une nouvelle cellule interministérielle de crise. Avec ses ministres, il s’efforcera de trouver des réponses à la flambée de violence qui secoue le pays suite à la mort du jeune Nahel, âgé de 17 ans, tué par un policier. Le gouvernement marche sur des œufs, soucieux d’éviter la répétition des émeutes de 2005 qui avaient plongé la France dans trois semaines de chaos urbain.
Paris et de nombreuses villes de banlieue, ainsi que des provinces, se sont réveillées abasourdies. Au lendemain d’une troisième nuit d’émeutes, les dégâts étaient constatés. Outre les magasins pillés, les commissariats, les écoles et les mairies ont été pris pour cibles. Des groupes de jeunes ont délibérément attaqué ces symboles du pouvoir public sur l’ensemble du territoire français.
Ces violences urbaines, qui ont éclaté suite au décès de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, suscitent des craintes quant à leur pérennité. Le gouvernement doit trouver des réponses pour apaiser la situation, car ces événements rappellent la vague de violence survenue dans des circonstances similaires en 2005.
La mort de Zyed et Bouna en 2005 à Clichy-sous-Bois, alors que les deux adolescents tentaient d’échapper à la police, avait déclenché trois semaines d’émeutes, révélant ainsi le profond malaise des habitants des banlieues. Ces zones périphériques, souvent isolées et oubliées des politiques publiques, concentrent de nombreuses problématiques sociales. Les gouvernements successifs n’ont jamais réussi à apporter des solutions durables à ces populations.
En 2018, une tentative avait été faite. L’ancien ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo, avait été mandaté par Emmanuel Macron pour rédiger un plan banlieue comprenant 19 programmes visant à rétablir « une réconciliation nationale ». Ce plan prévoyait notamment le désenclavement de certaines zones sensibles grâce à d’importants investissements dans les transports en commun, une présence accrue de l’école et la création d’une fondation pour le logement. Ce plan d’action avait été plébiscité par les élus locaux et devait favoriser l’emploi et l’égalité des chances pour les habitants des banlieues.
Cependant, quelques mois plus tard, Emmanuel Macron avait renoncé à sa mise en œuvre et avait intégré certaines mesures dans une « feuille de route de mobilisation des habitants des quartiers ». Cette décision avait été un coup dur pour les maires des villes concernées.
Mohamed Mechmache, président du collectif AClefeu, une association de Clichy-sous-Bois créée après les émeutes de 2005 pour renouer le dialogue entre les habitants des banlieues et les institutions, a exprimé ses inquiétudes face aux circonstances de la mort de Nahel. Il redoute de revivre ce qui s’est passé en 2005 et demande que la colère soit prise en compte sérieusement et qu’on cherche des solutions appropriées. Selon lui, peu de choses ont changé en banlieue au cours des 20 dernières années malgré les quelques mesures prises par les pouvoirs publics. Les habitants réclament une égalité des chances, des écoles de qualité, des services de santé adéquats et des forces de police respectueuses.
En déplacement à Evry, dans le sud de l’Île-de-France, la Première ministre Élisabeth Borne a souligné que le retour de la cohésion nationale passe par le rétablissement de l’ordre républicain. Après avoir adressé des paroles d’apaisement à la famille de Nahel, le gouvernement adopte maintenant une position de fermeté afin de limiter la durée de cette nouvelle crise.
La Première ministre a été prise de court par les événements. Aujourd’hui, devait se tenir le comité interministériel des villes pour présenter le plan Quartiers 2030 à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines. Cependant, cet événement prévu depuis longtemps se déroulera finalement à Matignon. Quelles annonces pourront apaiser les esprits ? C’est une équation difficile à résoudre pour Emmanuel Macron dans cette épreuve de vérité.
Olivier Klein, ministre de la Ville et ancien maire de Clichy-sous-Bois, se trouve en première ligne. Dans une déclaration au quotidien Le Parisien, il reconnaît qu’il reste beaucoup à faire pour les banlieues et que les quartiers ont besoin de ces annonces. Il est conscient que les habitants aspirent à une normalisation de leur quotidien, avec des écoles de qualité, des services de santé adaptés et des forces de police respectueuses.
Face à cette flambée de violence et à la détresse des banlieues, le gouvernement français est confronté à un défi majeur. Il lui incombe de trouver des solutions durables pour répondre aux attentes légitimes des habitants et éviter que la situation ne dégénère en une crise sociale et politique plus profonde. Il faudra conjuguer écoute, dialogue, mesures concrètes et investissements ciblés pour rétablir la confiance et la cohésion au sein des quartiers sensibles. L’avenir de la France en dépend.