La volaille marocaine fait face à des vents contraires. Une baisse importante des prix du poulet a été constatée ces derniers jours, avec le coût du kilogramme de viande blanche oscillant entre 13 et 15 DH. Cette situation, bien qu’elle profite aux consommateurs, en particulier aux groupes les plus fragiles et démunis, porte un coup dur aux aviculteurs qui accumulent les pertes.
Selon Said Janah, membre du Conseil national de l’Association nationale des producteurs de viandes de volaille, cette dévaluation significative des prix est le reflet d’un secteur avicole marocain « anarchique et désorganisé ». Il insiste sur l’absence d’une vision stratégique claire pour le secteur.
S’il est vrai que certains segments de la population profitent de la situation, les aviculteurs, eux, vendent leurs produits à des prix raisonnables pendant un mois ou lors d’événements spéciaux. Toutefois, pour le reste de l’année, ils enregistrent d’énormes pertes, cédant le kilogramme de volaille à 9 DH à la ferme, tandis que les coûts de production s’élèvent à 15 DH. Ainsi, la perte nette pour un kilo de volaille s’élève à 5 DH.
De plus, une diminution des grandes fêtes de mariage, événements traditionnellement gourmands en volaille, contribue également à l’excédent de production et à la chute des prix.
Ce groupe d’aviculteurs, qui compte près de 9 000 membres, est considéré comme le maillon faible du secteur avicole, leurs pertes servant principalement les intérêts des grandes sociétés.
Face à cette situation, Said Janah appelle à l’intervention de l’État pour réduire le coût de l’alimentation pour volaille et souligne que de nombreux professionnels du secteur sont sous la menace de peines d’emprisonnement. Il avertit également que certains cherchent simplement à récupérer leurs capitaux et à éliminer les intermédiaires et les spéculateurs qui vendent des poussins sur le marché noir, minant indirectement le statut de l’interprofession avicole.