La salle d’audience de la Cour d’appel de Casablanca a été le théâtre, ce jeudi, d’une confrontation judiciaire tendue entre l’ancien président de la commune de Bouznika, Mohamed Karimine, et la justice. Poursuivi pour détournement présumé de fonds publics et irrégularités dans la gestion d’un contrat de propreté, l’ancien parlementaire affilié au Parti de l’Istiqlal s’est efforcé de démontrer sa bonne foi, tout en rejetant les conclusions de l’Inspection générale de l’Administration territoriale du ministère de l’Intérieur.
Face à une accusation de mauvaise gestion estimée à plus de 3,6 millions de dirhams, Karimine a minimisé la portée du rapport d’audit, affirmant qu’il ne s’agirait que de “remarques” sans gravité. Une déclaration aussitôt contestée par le président de la chambre, le magistrat Ali Torchi, qui a rappelé que les inspecteurs avaient bien relevé des “irrégularités substantielles”.
Karimine n’a pas hésité à remettre en cause l’impartialité de l’Inspection générale, assurant avoir intenté une action en justice contre elle, ce qui a provoqué une réaction cinglante du juge : « Vous accusez des institutions publiques sans preuve ? ».
Au cœur de ce procès : la société de propreté appartenant à Abdelaziz El Badraoui, également poursuivi dans cette affaire. L’ancien président du Raja de Casablanca, qui fait face à la justice en tant que prestataire dans la gestion déléguée, est soupçonné d’avoir bénéficié de marchés irrégulièrement modifiés par des avenants contestés.
L’audience a aussi été marquée par la remise en question de la régularité des procès-verbaux établis par la police judiciaire, que les avocats de la défense estiment entachés de vices de forme : absence d’indications horaires, non-respect du droit au silence, et inclusion de dossiers préalablement traités par la gendarmerie.
La défense a également demandé la convocation d’un témoin-clé, un technicien de la commune de Bouznika, déjà entendu par la police judiciaire et le juge d’instruction, qui aurait suivi de près les marchés publics concernés.
Malgré ces contestations, la cour a rejeté toutes les requêtes préliminaires, et l’audience a été reportée au début du mois de juin pour permettre la poursuite de l’interrogatoire de Mohamed Karimine
Un procès qui s’annonce long, sous haute tension, et dont les rebondissements risquent de nourrir encore bien des débats sur la transparence dans la gestion locale et les liens entre pouvoir politique et intérêts économiques.
.