Le gouvernement Akhannouch a-t-il d’ores et déjà perdu la guerre des prix des denrées de première nécessité !?
Autant le gouvernement El Othmani avait dû faire face à la crise du Covid et son lot d’incertitudes et de turbulences socio-économiques, autant le gouvernement actuel est devant le défi posé par l’ insoutenable volatilité des prix par un rapport à un pouvoir d’achat résigné et impuissant face au galopant coût de la vie.
A ce sujet, la spirale inflationniste aurait dû inspirer et dicter une réponse plus appropriée de la part du gouvernement car la conjoncture économique mondiale actuelle avec la guerre en Ukraine, au Proche- Orient et la guerre mondiale que se livrent les grandes puissances auraient dû inciter , au nom de l’Etat social, les pouvoirs publics à avoir sous la main un plan B d’urgence pour parer à toute éventualité de crise mondiale.
Oui , il y a eu une inflation mondiale mais y a t-il une fatalité à ce que les citoyens en fassent les frais alors que d’autres en ont profité sans vergogne !?
A ce sujet, les grandes surfaces n’ont pas du tout hésité à annoncer les bénéfices records réalisés durant les deux dernières années !
L’inflation comme alibi ! ?
Et durant le mois de Ramadan, et surtout à la veille de la fête, il était évident qu’elles n’ont eu aucun remords à exploiter les consommateurs en augmentant leurs prix de manière inhabituelle !
Oui , il est bien vrai qu’il y a un gros problème de contrôle des prix dans tout le pays malgré les campagnes menées par le ministère de l’intérieur, mais à partir du moment où le gouvernement fait des annonces dans ce sens il doit s’engager à veiller au grain.
Sinon, le consommateur peut légitimement estimer qu’il est le dindon de la farce , à la merci de spéculateurs sans foi ni loi.
Exit la question des prix du carburant et les recommandations, et mises en garde du Conseil de Concurrence , le gouvernement Akhannouch est resté très silencieux quant au conflit d’intérêts reproché au chef du gouvernement et au dernier rapport concernant des prix du brut qui ne réagissent curieusement pas comme il le faudrait par rapport aux cours mondiaux !
Si vous voulez mon avis, Aziz Akhannouch a raté une belle occasion de redorer son blason et son image auprès des marocains car il avait une marge de manœuvre politique appréciable, mais qu’il n’a pas jugé bon d’utiliser.
C’est la faute à l’Ukraine !?
Par ailleurs, plus de la moitié des ménages marocains s’attendent à une dégradation de leur niveau de vie dans les 12 prochains mois. Calculé sur la base de l’indice de confiance des ménages (ICM), le niveau de moral et de confiance dans l’avenir est en baisse par rapport à l’année passée, selon le Haut-commissariat au plan.
Alors , la dégradation du niveau de vie , du moral et de la confiance des marocains dans l’avenir , est-ce seulement la faute à l’Ukraine !?
Avec Aziz Akhannouch, les marocains avaient appris lors de la campagne électorale du RNI , qu’ils méritaient mieux !
Maïs , depuis ils l’ont surtout appris à leurs dépens car il s’agissait seulement du slogan de cette campagne électorale, et vu ce que valent les promesses électorales on dira que tout ce qu’a pu dire le chef du gouvernement sera retenu contre lui !
Oui , car depuis le chef du gouvernement se fait très discret et ses sorties se résument à ses interventions devant les deux chambres du parlement, comme il est bien obligé de le faire !
Sinon Mr Akhannouch ne communique pas avec les marocains et on ne peut pas dire que le porte-parole du gouvernement soit très habile pour réparer et combler ce déficit !
Et comme une parole mal placée peut faire plus de dégâts qu’un discours bien ficelé, le mal est malheureusement fait !
Quand le marché gouverne !
Sur le terrain des prix, le marché a connu une envolée vertigineuse : les oeufs sont presque à 2,50 dh l’unité, les viandes rouges ont franchi un seuil record jamais égalé avec 120 dh le kilo au marché de gros et ont ainsi rejoint la folle course des hausses des autres denrées : beurre , huiles , lait , sucre , fruits et légumes et gaz butane tout récemment !
Maintenant, il faut reconnaître que même avec toute la bonne volonté du monde , un gouvernement ne peut pas maîtriser complètement la chaîne des prix surtout lorsque c’est le maitre marché qui gouverne .
Mais, cependant l’ Etat social devrait disposer de plusieurs leviers d’intervention pour remédier aux hausses vertigineuses , qui font partie des imprévus qu’il s’agit de prévoir, et qui imposent une folle cadence au coût de la vie !
Un bilan » ni figues ni raisins » ! ?
A ce sujet, si les aides directes ne suffisent pas à améliorer le quotidien des plus défavorisés, il n’y a aucun mal à s’inspirer des expériences d’autres pays qui ont mis en place des boutiques low cost et sans TVA pour les plus démunis !
Non seulement, il aurait été plus judicieux d‘harmoniser tous les programmes de lutte contre la pauvreté avec l’expertise du HCP et du Conseil économique et social { CESE} plutôt que d’avoir recours à des Cabinets Conseils internationaux qui coûtent très cher , mais des programmes d’urgence auraient été également souhaitables car l’expérience du Registre Social Unifié et celle des aides directes ne pourra être évaluée que dans quelques années !
Ceci, dans l’optique idéale où des politiques publiques sont évaluées à bon escient, et pas forcément par des groupes étrangers !
Au demeurant, le gouvernement Akhannouch a encore devant lui deux années pour ne pas perdre définitivement la guerre des prix, une bataille pour laquelle l’exécutif doit s’armer de volonté et d’obstination !
Pour le reste, s’il n’y a pas eu de sondages pour mesurer la popularité ou non du gouvernement, il y a les réalisations et les chantiers ouverts mais que le citoyen ne sent pas l’impact au quotidien !
Malheureusement, le citoyen ne ressent chaque jour que l’impact des prix et les conséquences sur sa qualité de vie !
Le chef du gouvernement sera certainement jugé par l’opinion publique à l’aune des résultats qu’il obtiendra ou non sur les prix , l’emploi et le pouvoir d’achat, et s’il compte rempiler dans deux ans, il devra impérativement en tenir compte.
Une classe moyenne surendettée !
A la veille du premier mai, le dialogue social reprend et l’on s’attend à des augmentations de salaires du style pompiers pour éteindre le feu de toute contestation qui pourrait menacer la paix sociale !
Par ailleurs, annoncé à maintes reprises le remaniement ministériel n’a toujours pas eu lieu, mais c’est plutôt une bonne nouvelle car s’il s’agit de rectifier le tir pour donner une nouvelle impulsion aux orientations Royales , l’équation ne se résume pas seulement à changer de profils, si on n’améliore pas la manière de faire chez les hommes et de femmes qui nous gouvernent !
Aux dernières nouvelles, en découvrant un chômage qui risque de bientôt friser les 15%, Aziz Akhannouch enchaîne les réunions de crise et sollicite McKinsey pour trouver des solutions et surtout donner forme à la Vision Royale pour l’emploi .
Ce qui est certain c’est que le chef du gouvernement ne pourra pas toujours se cacher derrière des chantiers Royaux avec des chiffres dont certains ministres usent et abusent pour maquiller et gonfler leurs » réalisations » !
Des mesures concrètes pour améliorer le quotidien.
Beaucoup plus d’efficacité et de mesures novatrices, énergiques et audacieuses , voilà ce que l’on attend du gouvernement Akhannouch qui avait . en principe , pour mission de concrétiser les recommandations du Nouveau Modèle de Développement !
Concernant le bilan du gouvernement, même si cela n’est pas l’objet de cette analyse, l’ USFP a préparé une motion de censure contre la majorité gouvernementale et cette dernière n’a aucune chance d’aboutir vu que les partis de l’opposition évoluent en rangs dispersés !
Il n’y a que les résultats qui comptent !
Et à propos d’opposition, le PJD de Abdelilah Benkirane a présenté aux médias un rapport sur le mi-mandat du gouvernement, et l’on espère des débats sereins et constructifs lorsque le chef du gouvernement se présentera devant les deux chambres, la réunion prévue le mercredi 17 avril ayant été reportée.
Pour le moment, Akhannouch et son équipe ont sorti une première mi-temps assez décevante, et ils sont condamnés à sortir enfin le grand jeu en cette deuxième partie de mandat s’ils ont l’ambition de jouer les prolongations.
Oui , comme en football, il n’y a que les résultats qui comptent !
Par Hafid Fassi Fihri
Akhanouch,un mal marocain qu’il faudra supporter encore deux ans..
Analyse d’une parfaite objectivite. Sans parti pris et tres realiste.